Vœux 2022 des médecins : soigner dans de bonnes conditions
- Serge Cannasse
- Editorial
L’opinion a longtemps prévalu que notre système de santé était « le meilleur du monde ». Il y avait bien des analystes et des professionnels des soins pour souligner sa lente détérioration au cours de ces trente dernières années, mais c’est l’épidémie de COVID-19 qui en a brutalement fait prendre conscience à tous. Le dernier sondage réalisé par Medscape auprès d’un panel de médecins en témoigne fortement : les deux tiers d’entre eux estiment que le système est « fragile ». Ils jugent même que la dégradation de leurs conditions de travail est une urgence plus importante que la réponse à la pandémie, pour laquelle ils ne sont certes pas optimistes, mais pas défaitistes non plus.
Très logiquement, ils réclament des « actions gouvernementales concrètes ». Mais lesquelles ? On notera qu’ils ne se précipitent pas sur les solutions informatisées, malgré le grand succès des téléconsultations en 2020, un peu retombé depuis. En effet, si leur utilité est certaine, elles n’ont rien d’une potion magique qui comblerait les déficiences de l’organisation des soins. Car la fragilité du système tient autant à des facteurs quantitatifs (moyens et effectifs insuffisants) que qualitatifs (maillage du territoire, relations ville-hôpital, coordination des professionnels, politiques de prévention). Or pour ces derniers, ce sont les professionnels eux-mêmes qui ont fait et continuent à faire preuve d’initiative.
On peut craindre cependant que les leçons de la première vague épidémique aient du mal à être tirées à l’hôpital, notamment en ce qui concerne le remarquable décloisonnement qui avait eu lieu entre soignants et administratifs. Sur le terrain des soins primaires, les évolutions semblent mieux engagées, avec le développement des maisons de santé pluridisciplinaires et des communautés professionnelles territoriales de santé. Mais ces organisations ne peuvent exister et vivre que par l’implication des professionnels de santé.
L’urgence est donc de leur faciliter la tâche, alors qu’ils ont des emplois du temps déjà chargés et de nombreux sujets de préoccupation. Cela passe par des compensations financières pour les heures passées à animer un projet et des simplifications administratives pour la kyrielle de démarches nécessaires, aussi justifiées soient-elles sur le plan des principes. Des progrès notables en ce sens ont été réalisés. Il faut les poursuivre. Et sans doute aussi s’atteler à définir une vision d’ensemble claire du système à reconstruire, grâce à l’implication de toutes les parties prenantes (administrations, professionnels, usagers). On aimerait que nos candidats aux prochaines échéances électorales soient pour une fois explicites sur le sujet.
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