Viscosupplémentation : synthèse des recommandations européennes
- Conrozier T & al.
- Ther Adv Musculoskelet Dis
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Malgré des données cliniques globalement probantes, la viscosupplémentation (VS) est une approche dont la pertinence dans la prise en charge de l’arthrose reste discutée au sein de la communauté médicale. L’injection d’acide hyaluronique (HA) a cependant été décrite comme capable de retarder la nécessité d’une arthroplastie.
Depuis 2015, la Task Force européenne EUROVISCO, qui regroupe 11 experts du sujet, se réunit périodiquement et a depuis émis plusieurs recommandations claires et simples permettant d’aider les cliniciens à utiliser ce traitement de façon la plus pertinente possible. Ils en publient une synthèse dans Therapeutic Advances in Musculoskeletal Disease.
Place de la viscosupplémentation dans l’arthrose
Parmi les recommandations, le groupe de travail a établi que la VS est efficace dans la gonarthrose légère et modérée, qu’elle est bien tolérée quelle que soit l’articulation traitée, mais qu’elle ne constitue pas une alternative à la chirurgie dans la coxarthrose avancée. Elle établit également que la VS peut être proposée chez tous les patients symptomatiques, même chez ceux qui répondent aux antalgiques ou aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) si les patients préfèrent cette alternative. Le schéma thérapeutique proposé doit être basé sur les résultats d'essais contrôlés bien menés. En revanche, ils déconseillent l’injection simultanée de corticoïdes et HA au cours d’une même procédure. Les experts n’ont pu trouver de consensus concernant l’efficacité de la VS dans l’arthrose de l’épaule ou de l’arthrose trapézométacarpienne.
Quand retraiter ?
Dans la pratique quotidienne, les usages sont disparates, certains praticiens proposant une nouvelle administration lorsque les douleurs reviennent à leur niveau initial, d’autres adoptant plus volontiers un rythme d’injection régulier. Afin de clarifier les pratiques, EUROVISCO a établi deux algorithmes qui permettent d’aider la décision thérapeutique face à des patients atteints de gonarthrose et déjà traités par VS, avec succès ou non. Pour cela, la Task Force a établi les critères définissant l’échec du traitement, et a proposé de prendre en compte en priorité le souhait et la satisfaction des patients ainsi que l’état symptomatique (score PASS). Il est préconisé de pratiquer plus volontiers la VS lorsque la douleur ressurgit et non à intervalles réguliers indépendamment des symptômes. Un échec thérapeutique doit motiver la recherche d’un diagnostic différentiel pouvant expliquer la persistance des douleurs (tendinopathie, ostéonécrose aseptique, lésion méniscale…), évaluer le protocole utilisé, et la sévérité de la maladie ou la présence d’une obésité, facteur défavorable au succès thérapeutique.
Comment optimiser le succès thérapeutique ?
La VS est recommandée dans l’arthrose légère à modérée du genou ou de la hanche, chez des patients n’ayant pas de surpoids significatif ou d’obésité
L'obésité, la sévérité de l’arthrose, un épanchement important de liquide synovial ou une instabilité articulaire importante sont parmi les éléments considérés comme constituant les principaux facteurs prédictifs de l'échec de la VS. Une bonne technique d'injection et l'utilisation d'un guidage par imagerie peut améliorer les chances de succès thérapeutique. L’injection par voie médio-patellaire latérale est recommandée pour traiter une gonarthrose. Le guidage par imagerie n’est recommandé unanimement que dans le cas d’une arthrose touchant la hanche ou la cheville.
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