Virus Ebola : comment soigner les soignants

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Quelques jours après que l’OMS ait annoncé la fin de la neuvième épidémie à virus Ebola (EBOV) dans la province de l’Equateur en RDC, le 24 juillet 2018, une dixième était déclarée, dans le même pays, dans la province de Kivu, le 1er août. Fin août, 115 cas avaient été répertoriés, dont 14 chez des professionnels de santé, l’un d’entre eux étant décédé. Le HCSP (Haut conseil de la santé publique) avait été saisi en urgence par la DGS (Direction générale de la santé) dès juin 2018. Il vient de rendre son avis, élaboré avec des membres de la HAS (Haute autorité de santé) et des experts extérieurs à ces deux institutions.

Le texte renvoie d’abord aux préconisations en matière de vaccin de l’avis de juin et juillet 2018. Pour mémoire, il recommande la vaccination pour tous les personnels se rendant dans la zone épidémique avec un risque modéré ou élevé. Si ce risque est faible, le choix est laissé aux personnes. Pour les personnels des établissements de santé de référence (ESR) susceptibles d’accueillir un cas de malade à virus Ebola (MVR), il préconise de ne pas recourir à la vaccination à titre systématique, mais ici aussi de leur laisser le choix individuellement. En cas de prise en charge d’un MVR dans l’établissement, il recommande une vaccination réactive, immédiate chez quelqu’un non vacciné ayant eu un accident d’exposition. Dans tous les cas, l’information sur le vaccin doit être « claire et loyale. »

Le dernier avis en date rappelle que plusieurs développements de médicaments ont été arrêtés ou suspendus. Actuellement, l’OMS privilégie deux options thérapeutiques, seules ou en association, dans un contexte de prise en charge de maladie à virus Ebola aiguë : le ZMapp, qui est un mélange d’anticorps monoclonaux, et un antiviral, le remdesivir. Le premier n’a pas prouvé son efficacité, du fait du faible nombre de personnes incluses dans le seul essai portant sur lui (de phase II), mais a montré « une tendance à l’efficacité », avec des effets indésirables potentiels de type allergique. Le remdesivir n’a pas fait l’objet d’essai clinique mais a sauvé deux patients chez qui il avait été administré à titre compassionnel par voie intraveineuse.

Cependant, une alternative existe : le favipiravir, antiviral administré par voie orale et ayant une autorisation de mise sur le marché au Japon dans le traitement de la grippe. Il n’a pas prouvé son efficacité dans un essai portant sur des MVR, mais les études de pharmacocinétiques ont montré que sa posologie avait été très vraisemblablement sub-optimale.

Dans sa recommandation, le HCSP distingue deux situations.

-       En ESR, un MVR sera traité par le ZMapp et/ou le remdesivir (ou un autre antiviral d’action directe), seuls ou en association. Si ces deux molécules ne sont pas disponibles, un traitement par favipiravir pourra être envisagé. En cas d’accident d’exposition, la stratégie repose sur le vaccin rVSV Ebola. En cas de nécessité de traitement antiviral, il conviendra de respecter un délai de 5 à 7 jours pour ne pas entraver l’immunogénicité du vaccin.

-       Sur le terrain, il est préconisé de traiter un patient atteint de maladie à virus Ebola avec une bithérapie associant ZMapp et remdesivir. Chez un professionnel de santé ayant eu un accident d’exposition, le traitement reposera sur le remdesivir et le favipiravir, mais « sous réserve qu’une posologie appropriée ait été déterminée. »

Le HCSP préconise donc fortement de poursuivre les recherches, y compris en période inter-épidémique. Il avertit que ses recommandations sont susceptibles d’évoluer.