Violences faites aux femmes : même en gynécologie et en obstétrique !

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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En juillet 2017, la Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a commandé un rapport au Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), sur les violences gynécologiques et obstétricales, à la suite de nombreux témoignages. Pendant 9 mois, le HCE a auditionné 25 professionnels de santé, représentant(e)s des ordres professionnels et de sociétés savantes, patient(e)s et associations, ainsi que la Ministre des solidarités et de la santé, au cours de 19 auditions. Rendu public, ce rapport met en évidence un phénomène ample et largement passé sous silence.

Il identifie 6 types d’actes sexistes de la part d’un(e) ou plusieurs membres du personnel soignant, qui n’ont d’ailleurs pas forcément l’intention d’être maltraitant(e)s :

-      non prise en compte de la gêne de la patiente liée au caractère intime de la consultation ;

-      propos porteurs de jugements (sur la sexualité, la tenue, le poids, la volonté ou non d’avoir un enfant) renvoyant à des injonctions sexistes ;

-      injures sexistes ;

-      actes exercés sans consentement ou sans respect du choix ou de la parole de la patiente ;

-      actes ou refus d’actes non justifiés médicalement ;

-      harcèlement sexuel, agression sexuelle, viol.

Ces actes sont fréquents, comme le montrent quelques chiffres :

-       Une femme sur deux chez qui a été réalisée une épisiotomie (qui a lieu pour un accouchement sur cinq) déplore un manque ou l’absence totale d’explication sur le motif de ce geste.

-       Les taux d’épisiotomie varient considérablement d’une maternité à une autre, de 0,3 % dans une maternité de type 3 à 45 % dans une maternité de type 1.

-       6 % des femmes se déclarent « pas du tout » ou « plutôt pas » satisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement, soit environ 50.000 femmes en 2016.

-       3,4 % des plaintes déposées auprès des instances disciplinaires de l’Ordre des médecins en 2016 concernent des agressions sexuelles et des viols commis par des médecins.

Pour rendre compte de cet état de fait, le HCE mobilise plusieurs explications.

  • Les femmes ont de nombreuses consultations gynécologiques et obstétricales au cours de leur vie (une cinquantaine) en comparaison des consultations pour d’autres raisons médicales.

  • Le caractère intime de ces consultations (nudité, position d’examen, sujets abordés, etc.) est souvent insuffisamment pris en compte.

  • La formation médicale est largement centrée sur la technique, au détriment des relations humaines et du respect du consentement.

  • Du fait de leur histoire, les spécialités gynécologiques et obstétricales ont encore aujourd’hui du mal à reconnaître l’autonomie des femmes.

  • Le sexisme reste très présent dans le milieu médical, malgré l’augmentation de la part des femmes, comme en témoigne le peu de postes de direction qu’elles occupent.

  • Les actes sexistes dans le suivi gynécologique et obstétrical restent largement impunis et les femmes méconnaissent souvent leurs droits.

  • Les procédures disciplinaires sont inadaptées à ce type de délit.

  • Les moyens alloués au secteur de la santé, en particulier dans les maternités, sont insuffisants.

Le HCE formule 26 recommandations, issues du constat précédent et formulées autour de 3 axes : reconnaître les faits, prévenir, faciliter les procédures de signalement et les condamnations.