Violences faites aux femmes dans l’intimité : prévalence et facteurs associés en Europe

  • Nathalie BARRÈS
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • La prévalence des violences physiques, sexuelles et psychologiques exercée par le partenaire intime à l’encontre des femmes concernerait 8 à 48% des femmes selon le type de violence.
  • Les différences socio-économiques en faveur de la femme et un mauvais état de santé perçue par la femme seraient des facteurs fréquemment associés à ce type de violence.
  • Les auteurs évoquent que « la prévalence à vie de la violence prodiguée aux femmes dans leur intimité par leur partenaire en Europe est élevée et probablement sous-estimée. »

Pourquoi est-ce important ?

La violence du partenaire intime à l’égard des femmes est une violation majeure des droits des femmes et constitue également un problème de santé publique. Plus d’un tiers des homicides de femmes seraient causés par une violence du partenaire intime. Les violences de ce dernier sont parfois associées à des blessures physiques, sexuelles, psychologiques et peuvent engendrer des symptômes dépressifs, des tentatives de suicide, des syndromes de stress post-traumatique, une augmentation de la consommation de drogue et du risque de VIH. Cette étude constitue la plus large étude menée en Europe sur le sujet.

Méthodologie

Cette étude observationnelle a été réalisée à partir des données recueillies par questionnaires conduits dans 28 pays auprès de femmes âgées de 18 à 74 ans, par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne. La violence du partenaire intime est définie par une réponse positive à au moins une question sur la violence physique, sexuelle ou psychologique perpétrée par un partenaire actuel ou un ex-partenaire.

Principaux résultats

Sur les 42.002 femmes incluses dans les analyses, 74% ont déclaré être actuellement en couple et 64% avoir été au moins une fois en couple. Dans 30% des cas, les femmes étaient âgées de plus de 60 ans et 70% vivaient en zone urbaine. Parmi les 40.357 femmes déjà en couple, 51,7% ont déclaré avoir été victimes de violences de la part de leur partenaire intime au cours de leur vie. Dans le détail, 20,0% d’entre elles avaient déjà connu des violences physiques de la part de leur partenaire, 8,4% des violences sexuelles et 48,5% des violences psychologiques. Plus de 6% des femmes déclaraient avoir vécu les trois dimensions de violences précédemment décrites. Moins de 1% des femmes ayant connu des violences physiques de la part de leur partenaire intime ne déclaraient aucun autre type de violence associées.

Les femmes qui déclaraient une violence par un partenaire intime étaient plus susceptibles d’en avoir été victime pour la première fois lorsqu’elles étaient jeunes (avant 15 ans), d’avoir un travail, et notamment un travail hautement qualifié, d’avoir au moins un parent immigré, de vivre en milieu urbain, de ne pas être marié, d’être séparée, divorcée, veuve, sans enfant, de cohabiter avec un partenaire de plus de 18 ans, d’avoir une moins bonne santé (auto-perçue) ou de déclarer un handicap.

Lorsqu’elles évoquaient des violences perpétrées par leur partenaire actuel, celui-ci était plus susceptible d’avoir moins de 40 ans, de ne pas travailler ou d’avoir un salaire plus faible qu’elle, d’être souvent ivre (entre tous les jours et 1 fois par semaine), d’être engagé dans une relation depuis 1 à 10 ans.