VIH : Un risque quasi-nul de transmission pour de faibles taux de virémie

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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À retenir

  • Selon la revue systématique menée par une équipe de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le risque de transmission du VIH dans les couples sérodiscordants est proche de zéro lorsque la charge virale est détectable, mais inférieure à 1.000 copies/ml
  • Les auteurs soulignent l’importance de ce bilan pour favoriser l’accès au traitement antirétroviral à toutes les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et pour renforcer la réduction de la stigmatisation et de la discrimination liées à l’infection.
  • Ces résultats ont été publiés conjointement avec un nouveau document d'orientation de la politique de lutte contre le VIH Sida par l’OMS, synthétisant le rôle de la suppression virale dans l'amélioration de la santé et la réduction de la transmission et dans lequel des recommandations concernant le suivi sont évoquées, notamment à destination des pays à faible ou moyen revenu.

Pourquoi est-ce important ?

Il était jusqu’à présent établi qu’une charge virale indétectable obtenue sous traitement antirétroviral (ART), c’est-à-dire inférieure à 200 copies/ml, rendait nul le risque de transmettre le virus du VIH à une personne séronégative. Le même constat n’a jamais été prouvé lorsque la charge virale est faible, mais supérieure à 200 copies/ml. Pourtant, cette information est utile dans la mesure où les techniques de dosage de la charge virale ne sont pas les mêmes au-dessous et au-dessus de ce seuil. Non seulement la preuve de l’absence de transmission pour de faibles taux de virémie serait vectrice de renforcement des politiques de santé publique en faveur d’un accès large aux ART, mais l’utilisation de tests de dosage moins performants pourrait être envisagée dans les pays à faibles ou moyens revenus.

Méthodologie

Cette revue a été menée à partir des données de la littérature parue jusqu'à fin 2022 sur le sujet. In fine, elle a regroupé huit études, dont 4 études de cohorte, 3 essais contrôlés randomisés et une étude transversale conduits dans 25 pays.

Principaux résultats

Au total, la revue est fondée sur huit étude soit 7.762 couples sérodiscordants, dont la plupart étaient des couples homme-femme.

Trois de ces études (Opposites Attract, PARTNER et PARTNER2) n'ont montré aucune preuve de transmission du VIH au sein des couples lorsque le PVVIH avait une charge virale inférieure à 200 copies/ml.

Parmi les études cliniques, 323 transmissions ont eu lieu au sein des couples : deux ont concerné des personnes chez lesquelles la dernière évaluation de la charge virale était inférieure à 1.000 copies/ml, mais avait été mesurée au moins 50 jours avant la transmission. Aussi, les auteurs estiment que l’augmentation de la charge virale a probablement continué à progresser durant cette période. Enfin, dans 80% des cas de transmission au sein des couples, la charge virale était supérieure à 10.000 copies/ml.

Dans l'étude HPTN 052, 1.763 couples sérodiscordants avaient été randomisés entre un traitement antirétroviral précoce (taux de CD4 350 -550/μl) ou tardif (deux mesures de CD4 <250/μl ou apparition d'une pathologie classante sida) : un échec thérapeutique s'est produit chez 5% et 3% des participants de chacun de ces groupes, et 46 transmissions ont eu lieu dans les couples, trois dans le groupe précoce contre 43 dans le groupe tardif. Cependant, aucune transmission n’a été notifiée chez ceux qui étaient stables sous traitement (<1.000 copies/ml).

Dans une étude de cohorte zambienne, auprès de 1.022 couples sérodiscordants suivis 15 mois avec des mesures de charge virale trimestrielle, 129 transmissions ont eu lieu au cours de l'étude. En comparant ces cas à des personnes contrôles appariées, aucune transmission du VIH n’a été décrite chez ceux qui avaient une charge virale <1.000/ml, tandis que 92% de ces cas avaient eu lieu au-delà des 10.000 copies/ml.