VHC : les nouveaux antiviraux d’action directe sont-ils efficaces après décompensation ?

  • Pageaux GP & al.
  • BMC Infect Dis

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon les données de l’étude prospective observationnelle ANRS CO22 HEPATHER, le traitement par des agents antiviraux d’action directe (AAD) est associé à une réduction du risque de mortalité chez des sujets infectés par le VHC ayant fait une décompensation hépatique. La réponse virologique soutenue à 12 semaines (RVS12) était égale à 88% et associée à un risque de complications inférieur chez ceux qui avaient reçu des AAD par rapport aux autres.

Pourquoi est-ce important ?

Si les AAD ont révolutionné la prise en charge et le pronostic de l’hépatite C chronique, leur bénéfice a été moins largement décrit dans les situations de maladie hépatique avancée. En effet, il est éthiquement difficile de concevoir une étude versus placebo dans un tel contexte clinique. A défaut, les données issues de cohortes prospectives observationnelles multicentriques permettent de tirer des informations intéressantes en la matière. Les données de la cohorte ANRS CO22 HEPATHER ont été analysées en ce sens.

Méthodologie

Cette étude de cohorte observationnelle prospective, multicentrique et nationale a été initiée en 2012. Elle incluait des patients atteints d'hépatite virale B ou C chronique et visait à évaluer l’efficacité des nouveaux traitements en vie réelle. Puisqu’elle était observationnelle, la prise en charge était laissée à discrétion du médecin, mais conforme aux recommandations européennes (EASL). Les auteurs ont identifié les patients VHC inclus dans la cohorte entre 2012 et 2015, et qui avaient eu un épisode de cirrhose décompensée avant ou au moment de l'inclusion. Ils ont analysé leur devenir jusqu’en 2019.

Principaux résultats

Parmi les 14.657 patients infectés par le VHC (sans autre co-infection virale chronique), 4.404 avaient une cirrhose et 769 un antécédent de décompensation dont 559 ont pu être inclus dans l'étude.

Au total, 483 patients ont initié un traitement AAD dans un délai médian de 0,9 mois suivant l’inclusion. Ils ont été 444 à atteindre une RVS12. À l’issue de la durée médiane du suivi (39,7 mois), 21,3% étaient décédés (80 traités et 39 non traités), la plupart (n=74) pour une cause hépatique.

Après analyse multivariée ajustée, l'obtention d'une réponse RVS12 était associée à une diminution de la mortalité toutes causes confondues (HR 0,29 [0,15-0,54], p<0,0001), et de la mortalité liée ou non à une cause hépatique (respectivement 0,40 [0,17-0,96] et 0,17 [0,06-0,49], p significatif). Elle était aussi associée à une diminution du risque de transplantation hépatique et d’hépatocarcinome (HR 0,17 [0,05-0,54] et 0,52 [0,29-0,93] respectivement, p significatif).