Vers une approche plus intégrée de la prise en charge des troubles psychiatriques

  • Malâtre-Lansac A.
  • Institut Montaigne

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

À partir des approches ayant fait leurs preuves à l’international et des résultats d’études randomisées, l’Institut Montaigne soutient une approche décloisonnée et collaborative de la prise en charge des troubles psychiatriques légers à modérés en ville. Il apporte des propositions concrètes pour une nouvelle organisation des soins centrée sur le patient et plaçant le médecin généraliste au cœur du parcours de soins.

 

 

En ces temps de pandémie, la santé mentale des Français est un sujet de préoccupation qui prend de l’ampleur. Déjà importante au sein de la population française (17%) avant l’épidémie, la prévalence des troubles anxieux et dépressifs est en forte augmentation. Ces troubles concernent plus particulièrement les jeunes et les personnes en situation précaire, mais les soignants de première ligne sont aussi fortement impactés. Cette hausse des souffrances psychiques risque donc fort de représenter un défi d’envergure au cours des prochains mois et années, et appelle à revoir l’organisation des soins de premier recours dans ce domaine. Pourtant aujourd’hui, alors que la psychiatrie représente le premier poste de dépense de l’Assurance Maladie, loin devant les cancers ou les maladies cardiovasculaires, force est de constater que l’accès aux soins reste difficile (seules 40 à 60% des personnes en souffrance psychique sont prises en charge) et de qualité très inégale sur l’ensemble du territoire.

Une approche plus intégrée de la santé mentale

Selon l’Institut Montaigne, un think tank indépendant œuvrant pour l’efficacité des politiques publiques en France, les causes de ces insuffisances sont nombreuses. L’institut remet notamment en question l’approche cloisonnée entre santé physique, d’une part, et mentale, d’autre part, et encourage à une approche plus intégrée, plaçant le médecin généraliste au cœur de la prise en charge. Cette voie est par ailleurs soutenue par des institutions comme l’OMS ou l’OCDE pour la prise en charge des troubles psychiques légers à modérés en ville. En s’inspirant d’approches développées à l’international en Nouvelle Zélande, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou encore en Australie, et ayant fait leurs preuves, ainsi que sur les résultats de plus de 80 essais randomisés, l’Institut Montaigne soutient un modèle de soins collaboratifs porté par une équipe impliquant le médecin généraliste, un « care manager » (un infirmier le plus souvent) et un psychiatre apportant son expertise à distance. Une organisation qui permet à la fois de déstigmatiser les troubles psychiatriques, d’améliorer les résultats cliniques et de réduire les dépenses de santé.

Quatre propositions concrètes pour améliorer la prise en charge

L’Institut avance quatre propositions pour améliorer la détection et la prise en charge des troubles psychiatriques en ville :

1.     Une approche centrée sur le patient, basée sur la recherche systématique des troubles psychiques par les médecins généralistes grâce à la mise à disposition d’outils adaptés, l’organisation de soins collaboratifs autour de lui (recrutement de professionnels de santé, lien avec le secteur psychiatrique), et une formation professionnelle plus soutenue dans ce domaine.

2.     Accorder le remboursement des psychothérapies de ville de façon à en faciliter l’accès, favoriser le développement de la télémédecine et d’outils numériques susceptibles de rendre le patient acteur de ses apprentissages et d’en faciliter le suivi.

3.     Favoriser le développement de nouveaux métiers, par exemple des infirmiers en pratiques avancées dans le domaine de la santé mentale, de care managers ou encore de médiateurs de santé-pairs (partage de compétences mobilisées par des patients rétablis) …

4.     Faciliter les échanges d’informations et la coordination entre professionnels de santé en investissant dans la numérisation des secteurs psychiatriques, de la médecine de ville et du médico-social et en renforçant la sécurité des outils numériques par la formation des utilisateurs et les professionnels de santé au bon usage données de santé en pratique quotidienne.