Vers une amélioration des pratiques en fin de vie
- Morin L & al.
- Palliat Med
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Les résultats de cette étude suédoise indiquent qu’une proportion importante de personnes en fin de vie reçoit des médicaments dont le bénéfice est discutable au regard du temps qu’il leur reste à vivre : poursuite d’un traitement existant au cours des 3 derniers mois de vie pour un tiers d’entre elles, initiation d’une nouvelle prescription chez 14% d’entre elles. Les molécules les plus fréquemment concernées sont les statines et les hypolipémiants, suivies par les supplémentations en calcium, les antidémentiels, les bisphosphonates et la vitamine D. Dans cette étude, les sujets les plus à risque de poursuivre ou d’initier la prise de médicaments à bénéfices incertains étaient les personnes « jeunes » (75-84 ans), celles qui étaient décédées de défaillance d’organe et celles qui avaient de multiples pathologies chroniques. Les auteurs appellent à mieux former les praticiens en charge de populations gériatriques, en particulier en soins palliatifs, et à l’émission de nouvelles recommandations, dans l’objectif de rationaliser les prescriptions et de minimiser le fardeau de molécules inutiles et potentiellement dangereuses.
Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?
De nombreuses personnes en fin de vie continuent à recevoir des médicaments peu susceptibles de leur apporter un bénéfice dans le laps de temps court qui leur reste à vivre. Nombre de ces molécules peuvent au contraire être sources d’effets indésirables susceptibles d’aggraver l’état de santé et de dégrader la qualité de vie chez des sujets âgés fragiles, souvent polypathologiques et polymédiqués. Pour élargir le champ d’études déjà réalisées chez des sujets cancéreux ou déments, des chercheurs suédois se sont intéressés aux prescriptions de sujets âgés en fin de vie en menant une étude d’envergure nationale.
Méthodologie
Cette étude rétrospective longitudinale a été réalisée à partir des registres nationaux de santé et des décès suédois. Elle a inclus tous les sujets de 75 ans et plus décédés en 2015 qui avaient eu une pathologie ayant nécessité des soins palliatifs et contribué au décès. Puis elle a recherché les prescriptions en cours ou initiées durant les 3 derniers mois de vie, dont le bénéfice clinique était discutable (1).
Résultats
- Au total, 58.415 sujets décédés ont été inclus dans l’analyse. Il s’agissait en majorité de femmes (55,9%) et l’âge moyen était de 87 ans au moment du décès. Des polypathologies chroniques étaient présentes dans 60,2% des cas.
- Au cours de leurs 3 derniers mois de vie, ces sujets avaient reçu en moyenne 8,9 médicaments différents. Environ un tiers d’entre eux (32%) disposaient d’une prescription en cours pour au moins un médicament au bénéfice incertain et 14% ont en initié un au cours de cette ultime période de vie.
- Les molécules au bénéfice incertain les plus fréquentes pour lesquelles il existait une prescription en cours étaient les statines, suivies par les supplémentations en calcium, les bisphosphonates, les antidémentiels, et des apports de vitamine D.
- Les médicaments qui étaient le plus fréquemment initiés au cours de cette dernière période de vie étaient ceux contre l’anémie (fer, vitamine B12), les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, les antagonistes du récepteur à l’angiotensine 2, les nouveaux anticoagulants oraux, les statines et les anti-vitamine K.
- La présence de polypathologies chroniques était associée une plus grande probabilité de poursuivre ou d’initier une molécule au bénéfice incertain au cours des derniers mois de vie. Le risque était également plus élevé chez les sujets plus jeunes (75-84 ans) et chez ceux décédés de défaillance d’organe.
Limitations
La liste des médicaments à bénéfice incertain est basée sur un consensus d’experts européens, mais est encore peu étayée par des publications solides.
1. Morin L, Laroche M-L, Vetrano DL, et al. Adequate, questionable, and inadequate drug prescribing for older adults at the end of life: a European expert consensus. Eur J Clin Pharmacol2018; 74(10): 1333–1342.
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