Vers un test diagnostique salivaire de l’endométriose

  • Bendifallah S & al.
  • J Clin Med

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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A retenir

  • Une équipe française a développé une signature miRNA qui permettrait de diagnostiquer l'endométriose à partir d’un simple test salivaire. Sa validation auprès d’une cohorte plus large permettrait à relativement court terme de disposer d’un test peu coûteux, non invasif et particulièrement précis pour aider au diagnostic d’une maladie pour l’heure longue à identifier avec certitude. Au-delà de l'endométriose, ces chercheurs posent l’hypothèse que leur méthodologie permettrait d’être utilisée pour étudier d'autres pathologies, bénignes ou malignes.

Pourquoi est-ce important ?

Les microARN régulent l'expression de près de 60% des gènes au niveau post-trancriptionnel. Différentes études se sont penchées sur la pertinence d'une signature miRNA sanguine dans l’endométriose, mais leurs résultats sont discordants, principalement pour des raisons méthodologiques (critères diagnostiques). Parallèlement, d’autres équipes ont cherché à développer un test salivaire miRNA. Une équipe française a voulu évaluer s’il était possible d’identifier une signature miRNome au niveau salivaire qui permettrait de différencier les patientes avec et sans endométriose et donc de développer le premier test diagnostique spécifique de la maladie.

Méthodologie

L'étude prospective ENDO-miRNA a inclus des femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques évocatrices d'endométriose, chez qui des échantillons salivaires ont été collectés. L’exploration des lésions a été réalisée par des experts à travers une procédure laparoscopique (thérapeutique ou diagnostique) avec analyse histologique et/ou une imagerie IRM sans analyse histologique lorsque les anomalies étaient profondes, sans doute diagnostique.

Le séquençage nouvelle génération a été utilisé pour le séquençage des petits ARN et pour identifier un biomarqueur basé sur le profilage de l'expression des miARN. Ensuite, un algorithme Random Forest a été utilisé pour développer une signature diagnostique discriminante à partir de l’analyse des miARN salivaires.

Principaux résultats

L’étude a inclus 200 patientes (âge moyen 31 ans) parmi lesquelles 76,5% (n=153) ont été diagnostiquées avec une endométriose. En moyenne, elles avaient des douleurs statistiquement plus sévères que celle des femmes témoins, avec une dysménorrhée cotée en moyenne à 6 sur l'échelle visuelle analogique (VAS) vs 5,0 (p<0,001), une dyspareunie de 5,28 vs 4,95 (p<0,001) et des douleurs urinaires lors des menstruations de 4,35 vs 2,84 (p<0,001).

En utilisant le séquençage haut débit, une moyenne de 2.561 miRNA exprimés dans les échantillons de salive ont été identifiés. L’analyse algorithmique a conduit à générer un sous-ensemble de 109 miRNA spécifiques permettant de discriminer les femmes atteintes d’endométriose des autres. Parmi eux, 29 étaient associés aux principales voies de signalisation de l'endométriose : PI3K/Akt, PTEN, Wnt/β-caténine, HIF1α/NF κB, et YAP/TAZ/EGFR.

Afin d’établir la précision et la reproductibilité du test, celui-ci a été testé sur plusieurs ensembles de données patientes formés aléatoirement en rassemblant la même proportion de patientes contrôles et de patientes malades. Le test avait une performance diagnostique de 98,3%, une sensibilité de 96,7% et une spécificité de 100%.

Les résultats montrent que le test est efficace pour discriminer les femmes ayant une clinique discordante (douleurs pelviennes chroniques évocatrices mais résultats négatifs à l'examen clinique et à l'imagerie), et celles ayant une endométriose précoce ou avancée.