Vers un mieux vieillir des personnes en situation de handicap mental
- Miot J et al.
- NPG
- Agnès Lara
- Résumé d’article
Chez les patients atteints de handicap mental, l’accès aux soins est souvent plus compliqué et favorise le développement de pathologies somatiques avec l’avancée en âge. L’espérance de vie reste largement inférieure à celle de la population générale, et la différence est d’autant plus marquée que la déficience intellectuelle est importante. Comorbidités et handicap pourraient constituer des facteurs de fragilité, mais celle-ci a été très peu étudiée dans cette population. Pourtant, les quelques études qui s’y sont intéressées ont observé une fragilité précoce, prédictive de la mortalité à 3 ans chez les déficients mentaux de plus de 50 ans, et qui mériterait une prise en charge gériatrique spécifique. Reste toutefois à développer des outils de dépistages compréhensibles et utilisables par tous pour pouvoir mettre en place une prise en charge adaptée et personnalisée.
Nécessité d’un dépistage précoce de la fragilité chez les déficients mentaux
L’étude de cohorte irlandaise IDS-TILDA (Intellactual Disability Supplement To the Irish Longitudinal study on Ageing) a montré qu’en plus d’une incidence accrue de certaines comorbidités, la nutrition et la polymédication sont des facteurs de fragilité importants chez les sujets âgés. Ainsi, les patients déficients mentaux apparaissent 6 fois plus polymédiqués que les sujets âgés du même âge et cette différence est davantage marquée chez les femmes. Ils reçoivent notamment davantage de traitements sédatifs et anticholinergiques. Or, ces derniers sont associés à un risque plus élevé de constipation chronique, de somnolence, mais aussi de troubles cognitifs, de dépendance et de fragilité pour les fortes doses. Malgré l’absence de recommandations dans ce domaine, ces données incitent à un dépistage précoce de la fragilité et de ses facteurs favorisants chez les patients atteints de handicap mental.
L’exemple de la trisomie 21
D’après les données de prévalence d’EUROCAT (European Surveillance of Congenital Anomalies), le syndrome de Down, ou trisomie 21, concernerait 65.000 personnes en France. La déficience intellectuelle, légère le plus souvent, est associée à de nombreuses anomalies congénitales. 635 gènes sont en 3 exemplaires et sont à l’origine de nombreuses pathologies qui apparaissent avec l’avancée en âge : rhumatologiques (arthrose, ostéoporose), endocriniennes (hypothyroïdie, surpoids et obésité chez 85% des patients), cardiologiques (cardiopathie valvulaire), respiratoires (apnée du sommeil, infections respiratoires). De nombreux sujets souffrent également de presbyacousie et de cataracte précoce. Les patients atteints de ce syndrome présentent aussi plus fréquemment une épilepsie et une neurodégénérescence précoce. Ainsi, parmi les plus de 60 ans, 75% des patients sont atteints de maladie d’Alzheimer, avec un début précoce de la maladie (aux alentours de 40 ans). Un état pro-oxydant et pro-inflammatoire est à l’origine d’un vieillissement systémique prématuré.
Une prise en charge spécifique dès 40 ans
Les auteurs appellent à une prise en charge spécifique de ce type de patients, et en premier lieu, à une consultation gériatrique dès l’âge de 40 ans qui permettrait de déceler ces multiples comorbidités et de les prendre en charge de façon adaptée. Pour les patients trisomiques par exemple, il faudra rechercher la présence de douleurs arthrosiques et neuropathiques, doser la vitamine D et pratiquer une ostéodensitométrie dès 40 ans chez les femmes en ménopause précoce, être attentif aux signes de dysthyroïdie et la rechercher en cas de diabète, surveiller un éventuel syndrome métabolique, suivre une cardiopathie si nécessaire, etc. La possibilité d’une leucémie doit être envisagée en cas de signes cliniques et surveillée par NFS. Un examen dermatologique recherchera une éventuelle dermatite atopique. Les troubles cognitifs pourront être repérés par le Dementia Screening Questionnaire for Individuals with Intellectual Disabilities (DSQIID), avec l’aide d’un proche ou d’un éducateur, et en cas de positivité, la neurogénérescence hippocampique sera explorée en imagerie cérébrale. Une éventuelle détérioration de la vision ou de l’ouïe devra aussi être recherchée pour ne pas péjorer l’évolution du déclin cognitif. Et pour finir, des signes d’épilepsie partielle seront recherchés car cette pathologie représente un facteur de risque important dans la survenue de comorbidités et la réduction de l’espérance de vie de cette population.
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