Vasectomie et cryopréservation : les praticiens français se distinguent

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une enquête menée auprès d’urologues de cinq pays européens, le taux de vasectomie déclaré est supérieur aux Pays-Bas par rapport aux autres pays participants (France, Belgique, Finlande, Luxembourg), sachant que ce taux reste inférieur à d’autres pays notamment anglo-saxons.

  • En France, le chiffre est faible, aux environs de 1%, notamment parce que la vasectomie n’est légalement possible que depuis 2001. Parallèlement, les urologues français discutent davantage de la cryoconservation avant la vasectomie et considèrent plus souvent que ne pas évoquer cette option est une faute médicale, par rapport à ceux des autres pays participants.

  • Au vu de la disparité des attitudes de spécialistes, indépendantes d’une formation complémentaire à l’andrologie, les auteurs estiment qu’un consensus européen est nécessaire pour standardiser les soins et offrir aux patients de tous les pays la même procédure d'orientation avant une vasectomie.

Pourquoi est-ce important ?

La vasectomie est une méthode utilisée comme approche contraceptive masculine, qui n’engendre aucun trouble de la libido, de l’érection ou de l’éjaculation. Elle n’est pour l’heure réversible que dans 50 à 75% des cas, mais elle est aussi envisagée par beaucoup d’hommes comme une stérilisation définitive. Les autres options pour les hommes vasectomisés souhaitant un enfant sont la cryopréservation en amont de l’opération ou le prélèvement de spermatozoïdes avec fécondation in vitro. Mais il n'existe pas d'informations ou de recommandations européennes spécifiques sur la cryoconservation en cas de demande de stérilisation. Elle n’a pas lieu d’être réalisée si la vasectomie est envisagée comme une méthode définitive. Cependant, la considération de la vasectomie comme une méthode de contraception réversible est complexe, étant donné l’impossibilité à garantir le rétablissement systématique de la fertilité. Dans ce contexte, il était intéressant de s’interroger sur la façon dont les urologues appréhendent le sujet.

Méthodologie

Une enquête a été soumise en juin 2021 aux membres de différentes sociétés savantes de plusieurs pays européens, dont l’Association Française d’Urologie (AFU), et la Société d’Andrologie de Langue Française SALF) en France.

Principaux résultats

Au total, 228 urologues ont répondu à l'enquête (58,3% Français, 29,4% Belges, 6,6% Néerlandais, 3% Luxembourgeois, 2,6% Finlandais). Ils déclaraient réaliser annuellement 62,93 vasectomies  en moyenne pour les médecins des Pays-Bas, contre 49,96 pour les Belges, 38,1 pour ceux du Luxembourg, 37,74 pour les Français et 10,5 pour les Finlandais. La proportion de vasostomie par rapport au nombre de vasectomie était de 6,8% aux Pays-Bas, contre 3,4% en France.

Globalement, trois quarts des répondants considèraient la vasectomie comme une procédure définitive, ce qui justifiait le recours à la cryopréservation pour deux tiers d'entre eux, alors qu’à l’inverse, l’approche définitive était considérée comme un argument pour ne pas la justifier pour l’autre tiers.

La France est le pays dans lequel la cryoconservation avant vasectomie est le plus souvent discutée, ce qui allait de pair avec leur opinion plus souvent favorable à la cryoconservation que les autres urologues européens (84% vs 25% maximum, p<0,0001). D’ailleurs, deux tiers des urologues français considéraient que ne pas évoquer cette option avant la vasectomie est une faute médicale.

Ce sont les urologues des Pays-Bas qui avaient réalisé le plus de vasovasostomies. Les participants étaient un quart à estimer le taux de succès de l’opération supérieur à 60%, les autres étant également répartis entre un taux de succès estimé inférieur à 30% ou compris entre 30 et 60%.