Variations de l’albuminurie et risque ultérieur d’insuffisance rénale terminale
- Coresh J & al.
- Lancet Diabetes Endocrinol
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une méta-analyse de très grande envergure initiée par l’US National Kidney Foundation et l’US National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Disease, a montré que les variations d’albuminurie étaient systématiquement associées au risque d’insuffisance rénale terminale dans différentes cohortes. Ces données confortent l’utilisation de la variation de l’albuminurie comme critère d’évaluation substitutif d’insuffisance rénale terminale dans les essais cliniques. Le risque d’insuffisance rénale terminale était diminué de 17% pour toute diminution du ratio d’albumine/créatinine de 30% durant une période initiale de 2 ans.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
La variation de l’albuminurie est un critère biologique plausible d’évaluation de la progression de la maladie rénale utilisé dans les essais cliniques. Mais les preuves empiriques permettant d’étayer ce lien manquent. D’où l’intérêt de cette étude qui visait à évaluer la cohérence de l’association entre la variation de l’albuminurie et le risque d’insuffisance rénale au stade terminal à travers une méta-analyse incluant un grand nombre de patients issus d’études observationnelles.
Méthodologie
Cette méta-analyse a été réalisée à partir de données individuelles des cohortes d’études observationnelles évaluées par le Chronic Kidney Disease Prognosis Consortium (CKD-PC). Les patients étaient éligibles s'ils avaient 18 ans ou plus, présentaient des mesures répétées d’albuminurie durant une période écoulée allant de 8 mois à 4 ans, ainsi que des données ultérieures de suivi de la maladie rénale jusqu’au stade terminal ou au décès. Les données individuelles ont été extraites et les pourcentages de variation de l’albuminurie ont été quantifiés, ainsi que l'évolution du ratio urinaire albumine/créatinine (RAC) ou du ratio protéine/créatinine (RPC) durant les périodes initiales d’évaluation de un, deux ou trois ans. Le critère principal d’évaluation était le développement d’une insuffisance rénale au stade terminal (caractérisée par la mise en place d’un traitement de suppléance de la fonction rénale).
Principaux résultats
Entre juillet 2015 et juin 2018, les données de 28 cohortes ont été analysées par le CKD-PC, soit 693.816 individus (dont 80% diabétiques). Au total, les données personnelles de 675.904 individus et de 7.461 évènements de maladie rénale terminale étaient disponibles. L’âge moyen des sujets était de 63 ans et le débit de filtration glomérulaire estimé de 78 mL/min/1,73m2. Seize cohortes sur 28 avaient un DFGé à l’inclusion >60mL/min/1,73m2 et un ratio médian d’albumine/créatinine faible (2-18 mg/g) et 12 cohortes un DFGé <60mL/min/1,73m2, et une albuminurie très variable (18-118 mg/g). La variation du ratio albumine/créatine était associée au risque d’insuffisance rénale terminale. La diminution du ratio albumine/créatinine de 30% (durant la période initiale de 2 ans) augmentait le risque de survenue d’une insuffisance rénale terminale de 17% (hazard ratio (HR) 0,83 [0,74-0,94]). L’association était plus forte chez les sujets ayant un ratio albumine/créatinine plus élevé à l’inclusion que chez ceux ayant un ratio albumine/créatinine plus bas (pinteraction<0,0001).
Principales limitations
Des facteurs de confusion peuvent exister. Un certain niveau d’hétérogénéité a pu être mis en évidence entre les études.
Financements
Étude financée par l’US National Kidney Foundation (NKF) et l’US National Insitute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases.
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