Vaccins contre Ebola : un bilan

  • Lévy Y & al.
  • Lancet

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Dans le Lancet, des chercheurs du consortium PREVAC (Partnership for Research on Ebola VACcination) font le point sur les vaccins en développement contre le virus Ebola et les études que le consortium mène actuellement sur certains d’entre eux.

Dans un premier temps, ils dressent un bilan des données disponibles concernant les candidats vaccins à propos desquels 36 essais ont déjà été réalisés et 14 sont en cours actuellement : rVSV-ZEBOV, virus de la stomatite vésiculaire (VSV) vivant atténué recombinant, comportant le gène de la glycoprotéine d'enveloppe virale ZEBOV, chAd3-EBO-Z, un vaccin recombinant non réplicatif bivalent dérivé d’un adénovirus de chimpanzé (ChAd3),, codant pour la glycoprotéine ZEBOV et la stratégie ‘prime boost’ (primovaccination-rappel) par Ad26.ZEBOV et MVA-BN-Filo. De son côté, le consortium mène actuellement l’évaluation de trois stratégies différentes (rVSV-ZEBOV sans boost, rVSV-ZEBOV avec boost rVSV-ZEBOV et Ad26.ZEBOV et MVA-BN-Filo) auprès de plus de 4.800 adultes et enfants (dont 2.350 déjà recrutés).

Cet état des lieux est l’occasion de souligner les points qui restent à éclaircir quant à l’usage de ces vaccins :

  • les données chez l’enfant sont rares et celles concernant la femme enceinte sont inexistantes, ces dernières ayant été exclues jusqu’à présent des essais menés ;

  • une minorité de sujets infectés par le VIH ont été inclus dans différents essais, qui ont montré une efficacité moindre que chez les sujets non immunodéprimés (réponse immunitaire à 1 mois chez 48% et 62% des sujets VIH ayant été vaccinés par chAd3-EBO-Z et rVSV-ZEBOV, vs 72% et 85% chez les sujets non VIH). Des données plus solides sont encore nécessaires sur le sujet ;

  • le maintien de la réponse immunitaire à long terme reste à déterminer. Par ailleurs, la corrélation entre la réponse immunitaire spécifique post-vaccination et la protection conférée vis-à-vis du virus dans le temps doit être exhaustivement investiguée. Les auteurs soulignent également que dans un essai ayant évalué le rVSV-ZEBOV, aucun cas d’Ebola n’a été observé chez les sujets vaccinés après 10 jours, alors que les Ac IgG n’était pas détectables avant le 7e jour, suggérant une protection vaccinale précoce conférée par un mécanisme immunitaire autre ;

  • la tolérance et la sécurité des différents vaccins doivent être exhaustivement explorées;

  • l’association de la recherche clinique et des sciences sociales est indispensable afin de répondre aux réticences des populations, de renforcer la confiance vis-à-vis de la vaccination et de contrer les phénomènes de rumeurs qui ont déjà affecté la conduite de certains essais.

Les différents vaccins et stratégies vaccinales doivent être explorés afin de développer des traitements qui permettront de lutter contre le virus, dans un contexte où le risque de épidémique reste important, comme le montrent les épidémies qui se sont succédé ces derniers mois en République Démocratique du Congo.