Vaccination des soignants : peu d’obligations, hormis éthiques

  • Marie Torre
  • Actualités Médicales
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Se faire vacciner lorsqu’on est un professionnel de santé présente un double avantage : se protéger contre un risque professionnel et éviter de contaminer son entourage et les patients dont on est en charge. (1) Malheureusement, la couverture vaccinale reste encore insuffisante aujourd’hui en France.

 

Vaccination contre la grippe

La couverture vaccinale du personnel soignant contre la grippe était estimée en 2018-2019 à 35% dans les établissements de santé (67% pour les médecins, 48% pour les sages-femmes, 36% pour les infirmiers et 21% pour les aides-soignants) et à 32% dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD : 75% pour les médecins, 43% pour les infirmiers, 27% pour les aides-soignants). (2)

Pourtant, les soignants ont un risque d’infection grippale supérieur à la population générale. En cas de contamination, 50 à 80% des soignants continuent de travailler, constituant une source de contamination dans les épidémies de grippe nosocomiale.  Dans les hôpitaux et EHPAD, la grippe nosocomiale entraîne une mortalité qui peut atteindre 60 % des personnes contaminées.

Le caractère obligatoire de la vaccination des soignants a été suspendu en 2006. Il s’agit aujourd’hui une vaccination recommandée, mais surtout d’une responsabilité éthique.

 

Autres vaccinations recommandées

Jusqu’à 8,5% des personnels soignants en France seraient réceptifs au virus de la varicelle. (1) La varicelle professionnelle touche des adultes chez qui la fréquence des complications est 25 fois plus importante que chez l’enfant.

La protection acquise contre la coqueluche, par la vaccination ou la maladie, n’est pas définitive (durée de 10 ans environ) : la majorité des adultes peut donc contracter la maladie.

Concernant la rougeole, l’effet conjugué d’une couverture vaccinale insuffisante et d’une exposition plus faible dans l’enfance (du fait de la moindre circulation du virus) entraîne une augmentation de l’âge moyen de survenue de la maladie. Les couvertures vaccinales vis-à-vis de la rougeole des personnels soignants sans antécédent de rougeole restent très insuffisantes (données de 2009), hormis pour les sages-femmes (92,7%) : 67% pour les médecins, 42% pour les infirmiers et 55% pour les aides-soignants.

L’incidence de la tuberculose dans la population générale est en baisse constante depuis 30 ans, mais les cas de tuberculose à bacilles résistants sont en augmentation. L’obligation de vaccination contre la tuberculose des professionnels a été suspendue en 2019. Néanmoins, les soignants restent plus à risque de contracter la tuberculose que la population générale.

Concernant l’hépatite A, quelques cas de transmissions nosocomiales au personnel soignant ont été décrits en réanimation néonatale, dans une unité de brûlés et dans un service de neurologie adulte. Un des principaux facteurs de risque retrouvé est la prise de repas sur le lieu de travail.

 

Vaccinations obligatoires

En 2016, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a revu les vaccinations obligatoires des professionnels de santé : hépatite B et diphtérie/tétanos/poliomyélite (dTP).

L’hépatite B est en passe d’être maîtrisée grâce à la vaccination.

Les contacts avec un patient atteint de diphtérie sont exceptionnels, mais possibles en France (9 cas importés d’infection à C. diphteriae entre 2002 et 2014). Et 20% des adultes de plus de 40 ans et 40% des plus de 50 ans ont des taux d’antitoxine insuffisants.

La vaccination contre la typhoïde reste obligatoire pour le personnel des laboratoires qui manipulent des selles.