Vaccination contre Ebola : l’intérêt du schéma à 2 doses confirmé
- Fanny Le Brun
- Actualités Médicales
Le virus Ebola a été découvert en 1976 et sévit dans plusieurs pays d’Afrique équatoriale. Il a déjà causé plus de 30 épidémies, celles-ci étant de plus en plus fréquentes. L’infection se complique souvent de défaillances d’organes et d’hémorragies potentiellement mortelles. La plus importante épidémie rapportée jusqu’ici s’est développée en Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016, avec 28.616 cas ayant entraîné 11.310 décès. Au cours de cette épidémie, un premier vaccin à dose unique (Ervebo®) a été autorisé et utilisé sur le terrain. Parallèlement, un autre schéma vaccinal en 2 doses a été développé de façon accélérée et approuvé en urgence par l’agence européenne du médicament en juillet 2020, chez l’adulte et l’enfant de plus d’un an, sur la base des données déjà disponibles :
- La première dose correspond au vaccin Janssen Ad26.ZEBOV composé d’un vecteur adénoviral renfermant la protéine d’enveloppe du virus Ebola Zaire,
- La seconde dose correspond au vaccin MVA-BN-Filo de la société Bavarian Nordic utilisant un autre vecteur viral et renfermant quatre antigènes différents de virus de la famille du virus Ebola, dont la glycoprotéine du virus Ebola Zaire.
Le développement de ce schéma en 2 doses part de l’hypothèse que la réponse immunitaire obtenue sera plus durable qu’avec un vaccin à dose unique. Ceci vient d’être confirmé par un essai clinique de phase II versus placebo (EBOVAC 2) mené par l’INSERM.
Cette étude a inclus des adultes vivant en Afrique, en bonne santé (n=668) ou infectés par le VIH avec une charge virale contrôlée par une thérapie antivirale (n=142). Les résultats ont montré l’acquisition d’anticorps chez 78 à 88 % des participants, que ceux-ci soient en bonne santé ou infectés par le VIH. Ces anticorps ont persisté pendant au moins un an.
Différents intervalles de temps entre les deux doses ont été testés : 28, 56 ou 84 jours. Il en ressort que l’augmentation de l’intervalle entre les doses de 28 à 56 jours améliore la réponse immunitaire. En revanche, prolonger l’intervalle à 84 jours n’apporte pas de bénéfice supplémentaire, ce qui confirme l’intervalle de 56 jours comme optimal pour ce schéma vaccinal.
Dans la cohorte de sujets en bonne santé, 90 personnes ont reçu une dose supplémentaire de rappel d’Ad26.ZEBOV un an plus tard, ce qui a permis de montrer que les anticorps sont facilement réactivés par cette injection de rappel au bout d’un an, avec des taux multipliés par 55. Le fait que la première vaccination déclenche une réponse immunitaire mémoire facilement réactivable est très important dans le contexte des épidémies récurrentes observées en Afrique.
Aucun événement indésirable grave imputable au vaccin n’a été constaté. Seuls des évènements légers à modérés fréquents en cas de vaccination ont été rapportés, comme des douleurs au site d’injection, une fatigue, des maux de tête ou des douleurs musculaires.
Le développement de ce schéma vaccinal va se poursuivre sur différentes populations (adultes, enfants, femmes enceintes, soignants), dans différentes régions du monde et avec différentes durées de suivi.
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