Vaccination anti-SARS-CoV-2 : quand les maladies auto-immunes affectent les taux de séroconversion

  • Jena A & al.
  • Autoimmun Rev

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une méta-analyse, les taux de séroconversion obtenus après vaccination contre le SARS-CoV-2 sont atténués chez les sujets atteints de maladies auto-immunes par rapport à des sujets sains, mais augmentent après la seconde dose.
  • Des différences sont observées en fonction des pathologies, qui nécessitent une surveillance accrue pour les populations concernées.
  • Certains traitements immunomodulateurs apparaissent associés à un moindre taux de séroconversion, même après deux doses vaccinales, comme les anti-CD20 et les anti-CTLA4, tandis que d’autre ne semblent pas ou peu l’affecter (5-ASA, anti-TNF, anti-intégrine, anti-IL-17, anti-IL-6 et anti-IL-12/23).

 

Les patients atteints de comorbidités, y compris ceux souffrant de maladies auto-immunes, ont été exclus des premiers essais visant à évaluer le taux de séroconversion. Pourtant, ces patients sont susceptibles d’avoir une moins bonne réponse vaccinale en raison de leur pathologie ou des traitements immunomodulateurs utilisés. La réponse sous-optimale de ces populations, si elle était avérée, pourrait justifier un suivi particulier, voire une adaptation du calendrier vaccinal. Une équipe indo-américaine a donc entrepris une revue systématique de la littérature et une méta-analyse de toutes les publications s’étant intéressées au taux de séroconversion après vaccination contre le SARS-CoV-2 chez les sujets atteints de maladies auto-immunes, tous types de vaccin confondus.

Méthodologie

Après sélection des publications dans différentes bases de données, les taux de séroconversion poolés ont été calculés après une et deux doses vaccinales chez des sujets sains ou atteints de maladies auto-immunes. Ces taux ont également été analysés en fonction des pathologies concernées, des traitements suivis et du type de vaccin (ARNm ou adénovirus).

Résultats

  • D’après les 25 publications retenues pour la méta-analyse, les taux de séroconversion poolés obtenus étaient meilleurs après deux doses de vaccins à ARNm (83,1% [74,9-89,0], I2=90%, 22 cohortes, 20 études), qu’après une seule dose (69,3% [52,4-82,3], avec un fort niveau d’hétérogénéité I2=95%, 10 cohortes, 8 études).
  • La comparaison des sujets sains avec les sujets atteints de maladies auto-immunes a fait ressortir des probabilités de séroconversion significativement plus faibles dans cette deuxième population (OR 0,05 [0,02-0,13], I2=21%) (11 cohortes, 12 études, toutes après 2 doses de vaccin à ARNm).
  • Les taux de séroconversion variaient selon la pathologie considérée. Ils étaient plus élevés dans les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) (95,2 [92,6-96,9], I2=0%), les spondylarthropathies (95,6 [83,4-98,9], I2=35%) et dans le lupus érythémateux disséminé (90,7 [85,4-94,2], I2=0%), et plus bas dans la polyarthrite rhumatoïde (79,5 [65,1-88,9], I2=85%), les vasculites 70,5 [52,9-83,5], I2=51%).
  • Les taux de séroconversion analysés selon les traitements en cours étaient excellents après schéma vaccinal complet, tous supérieurs à 90%, avec les anti-TNF, 5-aminosalicylates, anti-intégrine (védolizumab), anti-IL-17 (sécukinumab), anti-IL-6 (tocilizumab) et anti-IL-12/23 (ustékinumab). Ils étaient fortement atténués (<40%) sous anti-CD20 (rituximab), anti-CTLA4 (abatacept) et bons (70 à 90%) sous corticoïdes, hydroxychloroquine, inhibiteurs JAK, mycophénolate mofetil et léflunomide.
  • Les taux de séroconversion étaient meilleurs sous monothérapie par anti-TNF qu’en cas d’association à un autre immunomodulateur (azathioprine, 6-mercaptopurine, méthotrexate) (Odds ratio 1,61 [1,08-2,40], I2=0%).
  • Limites

Fort niveau d’hétérogénéité dans les taux de séroconversion poolés calculés, probablement en raison de l’hétérogénéité des populations étudiées, ainsi que dans la façon d’évaluer la réponse immunitaire, et dans les traitements immunomodulateurs utilisés.