Vaccination anti-COVID-19 : pourquoi les femmes enceintes sont désormais prioritaires ?
- Fanny Le Brun
- Actualités Médicales
À retenir :
- Les femmes enceintes sont désormais prioritaires, à partir du deuxième trimestre de grossesse, pour être vaccinées contre le COVID-19 avec les vaccins à ARNm
- La grossesse est un facteur de risque indépendant de développer des formes graves de COVID-19, ce risque étant encore augmenté après 35 ans et en cas de comorbidités
- Les données cliniques chez la femme enceinte sont encore peu nombreuses : la vaccination doit être envisagée si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques pour la mère et le fœtus
Conformément aux recommandations du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale du 29 mars 2021, l’accès prioritaire à la vaccination contre le SARS-CoV-2 a été élargi aux femmes enceintes, avec ou sans comorbidités, et ce à partir du deuxième trimestre de grossesse.
Pourquoi sont-elles prioritaires ?
Les femmes enceintes au 3ème trimestre de grossesse et les femmes enceintes avec comorbidités sont considérées comme étant à risque de développer une forme sévère de COVID-19. De plus, la prise en charge d’une femme enceinte atteinte de Covid-19 est plus complexe, notamment en raison de l’impact de la grossesse sur les systèmes respiratoire et cardiovasculaire de la femme, ainsi qu’en raison du risque de prématurité.
Une étude américaine a montré que la grossesse est un facteur de risque indépendant de développer des formes graves de COVID-19, qu'il s'agisse des hospitalisations ou des décès. Bien que ce risque soit plus faible (Risque relatif [RR] de l’ordre de 1,7) que pour les patients âgés ou présentant des comorbidités, celui-ci semble augmenter avec l’âge de la mère (>35 ans) et avec la présence de comorbidités telles que l’obésité, le diabète ou les maladies cardiovasculaires.
Quelles sont les données sur la vaccination chez la femme enceinte ?
Les femmes enceintes ont été exclues des premières études sur les vaccins contre le COVID-19. Cependant, malgré l’absence de données suffisantes au cours de la grossesse, la Haute autorité de santé (HAS) considère que l’administration des vaccins contre le COVID-19 chez la femme enceinte n’est pas contre-indiquée. « Elle doit être envisagée si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques pour la mère et le fœtus. En particulier, les femmes enceintes de plus de 35 ans ou celles présentant d’autres comorbidités comme l’obésité ou le diabète ou les femmes enceintes susceptibles d’être en contact avec des personnes infectées du fait de leur activité professionnelle pourraient se voir proposer la vaccination ».
Les études conduites chez l’animal avec les vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech et Moderna n’ont pas montré de conséquence néfaste sur le déroulement de la grossesse ou le développement de l’embryon ou du fœtus. Les études chez l’animal sont en cours pour le vaccin à adenovirus d’AstraZeneca, les résultats préliminaires ne montrant pas d’effet nocif sur le développement du fœtus.
Une étude clinique publiée le 25 mars dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology a présenté des résultats concluants avec les vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech et Moderna. Elle a inclus 131 femmes : 84 enceintes, 31 allaitantes et 16 ni enceintes ni allaitantes. Les résultats ont montré que toutes les participantes avaient obtenu des niveaux d’anticorps équivalents à la suite de l’injection du vaccin, démontrant ainsi son efficacité, quel que soit l’état physique des volontaires. De plus, cette étude montre que les anticorps produits par la mère sont transmis au nouveau-né via le placenta et le lait maternel.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) précise que :
- Si une femme enceinte a mal toléré sa première dose de vaccin, quel que soit le vaccin, il est conseillé de différer la deuxième dose après la fin de la grossesse, en concertation avec son médecin, sa sage-femme ou son gynécologue.
- Si une première dose a été administrée alors que la grossesse était encore méconnue, il n’existe aucun élément inquiétant à ce jour pour la mère et pour l’enfant à naître, quel que soit le vaccin. Si la première dose a été bien tolérée, le schéma vaccinal peut être poursuivi normalement.
Quels vaccins utiliser ?
La HAS et l’ANSM préconisent de privilégier chez la femme enceinte les vaccins à ARNm, par mesure de précaution en attendant les résultats finaux des études menées chez l’animal pour le vaccin d’AstraZeneca, et compte tenu des syndromes de type grippal rapportés avec ce vaccin. De toutes façons, le vaccin d’AstraZeneca étant désormais recommandé uniquement à partir de 55 ans, les femmes enceintes ne devraient pas être éligibles à ce vaccin. Elles doivent donc être vaccinées en centre de vaccination, par un vaccin à ARNm (Pfizer-BioNTech ou Moderna), après concertation avec leur médecin, sage-femme ou gynécologue afin d’évaluer individuellement le bénéfice de cette vaccination.
Quid de l’allaitement ?
Concernant l’allaitement, il n’existe pas d’étude sur le passage de ces vaccins dans le lait. Cependant, l’ARNm contenu dans les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna étant rapidement dégradé, il n’est pas attendu d’effet chez le nourrisson allaité par une femme vaccinée. La vaccination chez la femme allaitante paraît donc possible.
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