Vaccination anti-COVID-19 : enjeux et défis de la voie nasale

  • Waltz E
  • Nature

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Plus d’une centaine de vaccins anti-COVID-19 utilisant la voie nasale sont aujourd’hui développés, une vingtaine ont atteint les phases cliniques, dont quatre ont atteint la phase III (Inde, Iran et 2 en Chine). L’Iran a déjà approuvé un vaccin nasal, et probablement la Russie également. Si cette nouvelle voie d’administration du vaccin anti-COVID-19 représente une piste sérieuse pour atteindre l’immunité collective, restent quelques défis que les études cliniques devront relever, comme le résume un article récent paru dans Nature.

Spécificités immunitaires de la voie nasale

Les vaccins administrés par voie intramusculaire offrent une immunité systémique dont la présence au niveau nasal reste insuffisante pour bloquer le virus dès son contact avec les muqueuses. Aussi ils n’empêchent pas toujours le développement de la maladie, dont la gravité est toutefois limitée. Ceux utilisant la voie intranasale offrent la perspective d’une réponse immunitaire globale associée à celle spécifique et localisée des cellules T et B mémoires du tissu lymphoïde associé à la muqueuse, avec notamment une production d’IgA sécrétoires, dont il reste à démontrer l’efficacité anti-SARS-CoV-2. Ainsi, les vaccins intranasaux pourraient non seu limiter le développement de la maladie, mais aussi la transmission du virus.

Inconnues et difficultés

Il existe plusieurs vaccins administrés par voie nasale ciblant d’autres maladies infectieuses transmissibles. Parmi eux, les vaccins anti-influenza. Pour ces derniers, les données cliniques montrent que l’efficacité de cette voie est moins importante chez les adultes que chez les enfants. En effet, chez les premiers, l’immunité acquise avec l’âge, si elle est insuffisante pour protéger totalement de la maladie, aurait toutefois la capacité de contrer l’infection des cellules nasales par le virus vaccinal vivant atténué. Les études devront aider à déterminer si les mêmes difficultés existent pour ceux contrant le COVID-19.

Par ailleurs, les critères d’évaluation de ces vaccins restent à déterminer avec précision : si l’efficacité du vaccin intramusculaire repose sur une concentration déterminée d’Ac neutralisants dans le sang, un tel seuil n’est pas clairement établi pour la nouvelle voie d’administration, et les biomarqueurs d’efficacité au niveau local doivent être établis. Les études cliniques en cours comparent pour la plupart les taux d’Ac sanguins obtenus par ce biais à ceux atteints lors d’une administration intramusculaire. D’autres ont fait le choix de comparer le taux de protection de populations non vaccinées et jamais infectées à celles ayant reçu le vaccin nasal. La constitution de groupes placebo reste toutefois de plus en plus difficile après deux ans de pandémie, pour des raisons pratiques et éthiques. La conduite de ces essais est orientée vers des pays où le taux de couverture vaccinale est faible.

Quelle place pour les futurs vaccins nasaux ?

Les boosts vaccinaux administrés en intramusculaire pour lutter contre les variants tels que Omicron pourraient ne pas constituer l’approche la plus pertinente pour continuer à bloquer la transmission du coronavirus. La voie nasale constituerait une alternative efficace : chez l’animal, un booster intranasal a induit une immunité locale qui a permis d’atteindre une prévention plus efficace que celle obtenue par administration intramusculaire. L’atteinte de l’immunité collective pourrait donc passer par leur utilisation. Cette hypothèse reste évidemment à confirmer à travers leur évaluation clinique.