Vaccin anti-COVID-19 : les Français seraient-ils prêts à se faire vacciner ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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À retenir :

  • Une enquête a été réalisée auprès de 3.259 Français pour savoir s’ils avaient l’intention de se faire vacciner contre le COVID-19 et s’ils étaient prêts à participer à un essai clinique
  • Selon leurs déclarations, 77,6% des participants seraient certainement ou probablement d’accord pour se faire vacciner contre le COVID-19 et 47,6% seraient certainement ou probablement d’accord pour participer à un essai clinique avec un tel vaccin
  • Les facteurs associés à une plus grande acceptation de cette vaccination sont l’âge avancé, le sexe masculin, la peur du COVID-19, le fait d’être professionnel de santé et la perception d’un risque individuel
  • Comme attendu, l’hésitation vaccinale est associée à une plus faible acceptation de cette vaccination

 

Un vaccin contre le COVID-19 est attendu avec impatience pour vaincre la pandémie à laquelle nous sommes confrontés. Les scientifiques du monde entier sont mobilisés et de nombreux projets sont en cours mais les Français, champions du monde de l’hésitation vaccinale, seront-ils prêts à se faire vacciner ?

Une enquête anonyme (article en prépublication) a été réalisée en ligne auprès de 3.259 Français pour savoir s’ils avaient l’intention de se faire vacciner contre le COVID-19 si un vaccin était disponible ou s’ils étaient prêts à participer à un essai clinique pour tester un tel vaccin.

Cette enquête a été réalisée du 26 mars au 20 avril 2020, chez des adultes issus de la population générale ou étant des patients. Un questionnaire standardisé était proposé via les réseaux sociaux (Facebook, Twitter), partagé par courriel, sur le site internet de l’hôpital universitaire de St Étienne, ainsi que dans les centres de diagnostic COVID-19 et dans les centres médicaux.

Ce questionnaire interrogeait sur les caractéristiques démographiques (âge, pathologies chroniques), la peur du COVID-19, l’hésitation vaccinale, la vaccination antérieure contre la pandémie grippale H1N1 de 2009 et la grippe saisonnière, l’intention de se faire vacciner si un vaccin contre le COVID-19 était disponible ou de participer à un essai clinique. Un participant était considéré comme ayant une hésitation vaccinale s’il déclarait avoir déjà décliné un vaccin qu’il considérait comme dangereux ou inutile, ou retardé un vaccin à cause de doutes sur celui-ci, ou accepté un vaccin malgré des doutes sur son efficacité ou sa sécurité.

Parmi les 3.259 participants, 67,4% étaient des femmes, 20,6% avaient moins de 30 ans, 46,1% avaient entre 30 et 49 ans, 24,6% entre 50 et 64 ans, 8,3% entre 65 et 80 ans et 0,4% plus de 80 ans. De plus, 24,1% ont rapporté une pathologie chronique, 35,3% étaient considérés comme ayant une hésitation vaccinale, 74,7% avaient peur du COVID-19, 65,2% se considéraient à risque pour cette infection, 29,8% ont déclaré s’être faits vacciner contre la pandémie grippale H1N1 en 2009 et 43,6% étaient des professionnels de santé.

Volonté de se faire vacciner contre le COVID-19

Selon leurs déclarations, 77,6% des participants seraient certainement ou probablement d’accord pour se faire vacciner contre le COVID-19, dont 83,1% des hommes contre 74,2% des femmes  (p<0.005). Parmi les répondeurs considérés comme ayant une hésitation vaccinale, 61,9% seraient probablement d’accord pour se faire vacciner contre le COVID-19 pendant la pandémie actuelle. La proportion de participants souhaitant se faire vacciner était plus importante chez les professionnels de santé (81,5%) que chez les non professionnels de santé (73,7%) (p<0.005).

Ainsi, selon une analyse multivariée, les facteurs associés à une plus grande acceptation de la vaccination contre le COVID-19 sont : l’âge avancé (probablement à cause de la perception d’un risque augmenté d’infection et de forme sévère), le sexe masculin, la peur du COVID-19, le fait d’être professionnel de santé (probablement à cause de la perception d’être plus à risque d’être infecté) et la perception d’un risque individuel. En revanche, comme attendu, l’hésitation vaccinale était associée à une plus faible acceptation de cette vaccination.

Volonté de participer à un essai clinique

Concernant la participation à un essai clinique sur un vaccin anti-COVID-19, 47,6% des participants déclarent qu’ils seraient certainement ou probablement d’accord pour participer, dont une proportion significativement plus importante parmi les hommes (59,6%) que parmi les femmes (41,8%, p<0,005).

La proportion de participants potentiels à un essai clinique sur ce vaccin est de 56,8% parmi les 50-64 ans et de 58,7% parmi les 65-80 ans.

Les professionnels de santé sont plus enclin à participer à un tel essai que les non professionnels de santé (50,5% versus 45,4%, p<0,005).

En conclusion, la proportion de Français prêts à se faire vacciner contre le COVID-19 peut apparaître comme faible mais il faut prendre en compte le fait que ce sera un nouveau vaccin et que la couverture vaccinale pendant la pandémie grippale H1N1 de 2009 n’a été que de 11,1% en France. On peut d’ailleurs noter que la proportion de personnes ayant été vaccinées contre H1N1 est plus importante parmi les répondeurs de cette enquête, ce qui suggère qu’ils sont plus « pro-vaccination » que la population générale. On remarque également une proportion plus élevée de professionnels de santé que dans la population générale. Le fait que le recrutement ait été fait via les réseaux sociaux est également un biais potentiel. En revanche, le taux d’hésitation vaccinale est similaire à celui observé dans une étude française récente (40%).

Si 75% des Français sont effectivement prêts à être vaccinés contre le COVID-19, cela pourrait suffire pour obtenir une immunité de groupe et si environ 50% sont prêts à participer à un essai clinique, on peut espérer que les essais n’aient pas de mal à recruter…

 

Exceptionnellement durant cette période de crise sanitaire, certaines publications mentionnées sont au moment de la rédaction de cet article encore en prépublication, en cours de relecture par les pairs et susceptibles d'être modifiées. Nous attirons votre attention pour apporter la plus grande prudence quant aux résultats apportés.