Vacances scolaires : quel impact sur l’apprentissage et la santé mentale des enfants les plus démunis ?

  • Kromydas T & al.
  • BMC Public Health

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

A retenir

  • Une enquête britannique menée sur plusieurs milliers d’enfants de 7, 11 et 14 ans suggère qu’il existe un impact des vacances d’été parmi la population la moins favorisée mais ces inégalités ne sont pas constantes entre les différents groupes d'âge. Seules les capacités cognitivo-verbales des plus jeunes enfants ont légèrement diminué pendant les vacances, quel que soit le milieu socio-économique. Leur bien-être social et émotionnel, lui, était plus systématiquement impacté.

  • Ces données suggèrent comme d’autres que l’impact d’un arrêt de scolarité n’est pas systématiquement délétère. Cependant, plusieurs autres travaux conduits depuis la pandémie rapportent un impact plus important de la fermeture des écoles liée au COVID-19 sur les capacités d'apprentissage que celle liée aux vacances. Aussi de nouvelles études seraient utiles pour mieux comprendre l’impact du déterminant social dans ces différentes observations.

Pourquoi est-ce important ?

Des études suggèrent que la durée des vacances d’été peut être délétère pour la partie de la population pédiatrique la moins favorisée, que ce soit sur le plan de la nutrition que de la perte d'apprentissage. Or, avec la pandémie de COVID-19, des débats ont eu lieu sur un possible creusement des inégalités suite à la fermeture prolongée des établissements scolaires. Dans ce contexte, des chercheurs britanniques ont mené la première analyse nationale permettant d’évaluer l’impact des inégalités socio-économiques sur les capacités cognitives et la santé mentale des enfants et des jeunes à l’issue des vacances d'été.

Méthodologie

L'étude Millennium Cohort Study est une enquête longitudinale représentative de la population d’enfants nés au Royaume-Uni entre septembre 2000 et janvier 2002. Elle s’est penchée sur 11 à 13.000 enfants de 7 ans, 11 ans et 14 ans respectivement.

Pour chacun des trois âges, plusieurs compétences ont été mesurées à la fin d’une année scolaire puis au début de la suivante : le bien-être social et émotionnel (Strengths and Difficulties Questionnaire, SDQ, et son sous-score prosocial reflétant la gentillesse et l’empathie) et la capacité cognitivo-verbale associée à un test de lecture (score BAS). L’analyse a ensuite été analysée selon le niveau d’éducation de la mère.

Principaux résultats

Un score total SDQ ou un sous-score SDQ anormal ou à la limite de la normalité étaient plus fréquents parmi ceux dont la mère avait un niveau d’instruction plus faible, aux trois âges évalués. Par ailleurs, pour les enfants de 7 ans et les adolescents de 14 ans, la probabilité d’avoir un score SDQ anormal était plus élevée après la période des vacances scolaires. Il n’y avait pas d’impact spécifique des vacances scolaires sur le score prosocial.

Pour les trois âges, le fait d’avoir une mère de niveau d’éducation plus bas était associé à des capacités cognitivo-verbales plus faibles. Les vacances scolaires avaient un impact délétère sur les capacités d’apprentissage uniquement chez les enfants à l'âge de 7 ans. Dans l'ensemble, l’influence du niveau d’instruction de la mère induit de plus grandes disparités entre enfants que celle des vacances scolaires d'été.