Usage des écrans chez les adolescents : privateur de sommeil ou aide à l’endormissement

Pourquoi est-ce important ?

Chez les adolescents, l’usage des écrans est accusé de nombreux maux et notamment de stimuler l’éveil et de contribuer à une restriction du temps de sommeil. Mais de leur côté, les adolescents considèrent que les écrans contribuent à réduire leur temps de sommeil, mais qu’ils constituent aussi une aide pour trouver le sommeil. Pour l’heure, seul un effet sur le décalage de l’heure d’endormissement a été avéré. Cependant, certains éléments de la littérature ont mis en évidence une bidirectionnalité du phénomène, arguant que les difficultés de sommeil telles que les ruminations gênant l’endormissement, inciteraient à consommer davantage d’écran. Afin de mieux appréhender la relation entre sommeil et consommation d’écrans à l’heure du coucher, une étude s’est interrogée sur une possible utilisation des appareils digitaux dans le but d’échapper aux pensées négatives. 

Méthodologie

Cette étude de design transversal a inclus 684 adolescents (âge moyen 15 ans, 46% de filles). Les participants devaient répondre à des questions concernant leur sommeil : perception de difficultés quant à leur sommeil, heure et délai d’endormissement, technologies utilisées pour chasser les pensées négatives. Il était demandé aux participants s’ils utilisaient les écrans pour chasser leurs pensées négatives avant de dormir (critère d’évaluation principal) et quels appareils et applications ils préféraient. Le taux de troubles du sommeil chez les utilisateurs d’écran avant le coucher était comparé à celui des non-utilisateurs (critère secondaire).

Principaux résultats

Une grande majorité des adolescents (62%) ont répondu « oui » (23,6%) ou « parfois » (38,4%) à la question « utilisez-vous les appareils digitaux pour vous distraire de vos pensées négatives ? ».

Ceux qui avaient répondu « Oui » à cette question avaient plus fréquemment des difficultés de sommeil par rapport à ceux qui avaient répondu « non » (36,8% vs 18,3%). Et inversement, la proportion de ceux qui avaient répondu « non » était plus importante chez ceux qui n’avaient pas déclaré de difficultés de sommeil par rapport à ceux qui en avaient (44% vs 23%).

L’heure d’endormissement était significativement plus tardive chez ceux qui utilisaient régulièrement les écrans pour chasser leurs pensées négatives au moment du coucher (+50 minutes) ou chez ceux qui les utilisaient « parfois » (+32 min), par rapport à ceux qui n’en avaient pas usage. Les délais d’endormissement étaient également plus longs chez les utilisateurs d’écran pour pensées négatives par rapport aux non utilisateurs (+17 min en moyenne).

Les appareils digitaux les plus utilisés étaient le téléphone portable en raison de sa facilité d’accès et de la possibilité de contacter des amis. Les applications les plus populaires étaient You Tube pour se distraire et s’apaiser, Snapchat pour contacter les amis, et les applications de musique (Spotify, ITunes, Apple music) pour leur côté agréable et relaxant.