Une vieille thérapeutique contre l’antibiorésistance ?

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Une des réponses au problème majeur de l’antibiorésistance réside peut-être dans une thérapeutique ancienne, le traitement par bactériophages. Ils font l’objet d’une recherche active portant notamment sur leur mode d’action. Des scientifiques de l’Institut Pasteur et du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) se sont ainsi demandés pourquoi bactéries et bactériophages cohabitent en équilibre dans l’intestin, alors qu’in vitro, les premières sont éliminées par les seconds.

Ils ont alors établi la séquence complète de l’ARN produit par un Escherichi coli afin d’identifier les gènes exprimés in vitro et dans les intestins d’un modèle murin. Ils ont montré que quatre gènes modulent les interactions entre cette bactérie et trois bactériophages virulents : ils augmentent ou diminuent la capacité des bactériophages à se fixer sur les récepteurs bactériens. La suppression d’un gène favorisant la fixation du bactériophage s’est traduite par la moindre sensibilité de la bactérie à ce phage.

Autre découverte : certains gènes favorisent la formation de biofilm par la bactérie, ce qui la protège contre les attaques des bactériophages. Pour mémoire, un biofilm est un amas de bactéries enrobé d’une matrice polymérique et fixé sur une surface (ici la muqueuse intestinale).

La résistance des bactéries aux phages ne dépend donc pas obligatoirement d’une mutation de leur génome, mais d’une modulation de l’expression de certains gènes, qui dépend elle-même des interactions entre le milieu intestinal, les bactéries et leurs phages.

Ce travail a été publié dans Cell Host & Microbe.