Une thérapie cognitive et comportementale courte se montre efficace dans l’addiction à Internet

  • Wölfling K & al.
  • JAMA Psychiatry

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Selon un essai contrôlé randomisé mené dans 4 centres spécialisés dans la prise en charge des addictions à Internet en Allemagne et en Autriche, une thérapie cognitive et comportementale (TCC) courte (sur 15 semaines) et ciblée, associant des séances de groupe et individuelles (STICA, Short-term Treatment for Internet and Computer game Addiction), permet d’obtenir un retour à un usage normal d’Internet dans près de 70% des cas avec un bénéfice qui se maintient 6 mois après l’arrêt de la thérapie dans la plupart des cas.
  • La taille de l’effet est importante sur les symptômes de l’addiction et le temps passé en ligne.
  • Reste à savoir si cet effet peut être encore amélioré en associant une approche médicamenteuse.

 

 

L’addiction à Internet regroupe des comportements excessifs très variés : jeux vidéo, réseaux sociaux, chats et messageries, sites pornographiques, paris en ligne, vidéos, achats en ligne, collecte d’informations sans but précis, etc. Elle concerne essentiellement des hommes et se caractérise par des difficultés à garder le contrôle de la consommation d’Internet (fréquence, intensité, durée), une priorité donnée à cette activité qui prend le pas sur toutes les autres activités de la vie quotidienne et enfin une augmentation croissante de l’utilisation d’Internet, malgré les conséquences néfastes à tous niveaux, familial, professionnel et personnel. Ces troubles psychiatriques prennent de l’ampleur et concerneraient de 3% à 6% de la population. Les thérapies cognitives et comportementales et en particulier une approche courte adaptée à ce type de troubles (STICA) a donné de premiers résultats encourageants. Elle vient d’être évaluée dans le cadre d’un essai randomisé.

Une thérapie courte ciblée associant séances de groupe et individuelles

Cet essai multicentrique a été mené au sein de 4 centres spécialisés dans la prise en charge ambulatoire de ces troubles en Allemagne et en Autriche, entre janvier 2012 et juin 2017. Il a inclus des hommes disposant d’un diagnostic d’addiction à Internet de moins de 6 mois, 72 dans le groupe TCC ciblée et 71 dans le groupe sur liste d’attente qui constituait le groupe contrôle. Les sujets du groupe expérimental bénéficiaient de 15 séances de groupe hebdomadaire (1h30) et de 8 séances individuelles (1h) réparties sur cette même période. Les participants étaient ensuite suivis sur une période de 6 mois après le traitement et le nombre de rémissions était comptabilisé par auto-évaluation à partir de 14 items du DSM-5 concernant les jeux sur Internet (AICA-S, Assessment of Internet and Computer Game Addiction Self-report).

Une rémission obtenue dans près de 70% des cas

Parmi les 143 hommes inclus dans l’étude, l’âge moyen était de 26 ans (17 à 52), plus de la moitié (52,4%) avait au moins un autre trouble mental associé, une dépression la plupart du temps, et 14,7% d’entre eux étaient sous psychotrope.

Au final, 69,9% ont suivi la thérapie complète. En fin de traitement, une rémission des troubles addictifs, définie par un score AICA-S <7, a pu être observée chez 69,4% des sujets ayant bénéficié de la TCC ciblée contre 23,9% dans le groupe contrôle. Et six mois plus tard, 80,6% des répondeurs avaient conservé un score inférieur à ce seuil. Dans l’analyse ajustée, prenant en compte la sévérité de l’addiction à l’inclusion, les comorbidités, le centre de traitement et l’âge, les chances de rémission étaient multipliées par 10 dans le groupe TCC ciblée (Odds ratio 10,10 [3,69-27,65]). Et la taille de l’effet s’est montrée importante sur les symptômes d’addiction à Internet (d=1,19), le temps passé en ligne un jour de semaine (d=0,88), et moyenne sur le fonctionnement psychosocial (d=0,64) et la dépression (d=0,67).