Une revue Cochrane s’est intéressée aux anti hyperglycémiants oraux vs l’insuline dans le diabète gestationnel
- Nathalie Barrès
- Résumé d’articles
À retenir
Les résultats de cette revue Cochrane suggèrent qu’il existe peu de différences entre un traitement par insuline et par anti hyperglycémiant par voie orale chez les femmes enceintes, concernant les conséquences pour la mère et l’enfant à court terme. Notons cependant que la qualité des preuves des études identifiées est jugée faible à modérée, et qu’aucune étude n’a évalué l’impact des anti hyperglycémiants oraux pris durant la grossesse sur l’évolution du bébé durant son enfance. Les recommandations du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) publiées en 2010 préconisant le traitement par l’insuline restent de vigueur.
Rappel des recommandations en vigueur en France
Selon le CNGOF, le contrôle glycémique durant la grossesse passe par "des mesures hygiéno-diététiques et l’utilisation d’un traitement par insuline si les objectifs glycémiques ne sont pas atteints après 7 à 10 jours de règles hygiéno-diététiques. Les données disponibles sont rassurantes concernant la sécurité et l’efficacité durant la grossesse des analogues rapides de l’insuline Lispro et Asparte (grade B). Il n’existe pas de données pour la Glulisine. Si une insuline d’action lente est nécessaire, il faut privilégier la NPH (accord professionnel). Les données actuelles ne sont pas suffisantes pour une utilisation en routine des analogues lents de l’insuline. Les antidiabétiques oraux n’ont pas l’AMM pendant la grossesse et ne sont pas recommandés (grade C). Les données concernant le glibenclamide et la metformine semblent rassurantes, cependant des études complémentaires sont nécessaires avant d’envisager leur utilisation en routine pendant la grossesse. »
Principaux résultats
Au global, jusqu’en mai 2017, 53 études pertinentes ont été mises en évidence, regroupant les données de 7.381 mères et 46 études rapportant celles de 6.435 nourrissons.
Par rapport aux mères traitées par anti hyperglycémiants oraux, les mères traitées par insuline étaient associées à une augmentation du risque de troubles hypertensifs (non définis) durant la grossesse (risque relatif (RR) 1,89 [1,14-3,12], 4 études, 1.214 femmes, preuves de qualité moyenne)
En revanche, aucune différence significative n’a été mise en évidence en ce qui concerne la pré-éclampsie, l’accouchement par césarienne, l’apparition d’un diabète de type 2 ou le poids après l’accouchement.
Les preuves manquent également concernant l’augmentation du risque de déclencher le travail sous insuline (vs les traitements oraux). Les études sélectionnées n’ont pas évalué les lésions du périnée, le retour au poids d'avant la grossesse ou la dépression postnatale.
Aucune différence n’a pu être mise en évidence pour l’enfant en termes de risque de macrosomie, de décès périnatal (décès fœtal et néonatal) ou de maladie grave après la naissance, d’hypoglycémie néonatale, de surpoids (chez le nourrisson ou durant l’enfance), de retard de développement à 18 mois ou de troubles auditifs ou visuels.
Enfin, les données étaient insuffisantes pour pouvoir comparer la prise d’insuline humaine versus d’autres types d’insulines, ou l’insuline versus d’autres prises en charge, ainsi que les différents dosages et fréquences d’administration de l’insuline.
Méthodologie
- L’objectif de cette revue Cochrane était de déterminer l’efficacité et l’innocuité de l’insuline dans la prise en charge du diabète gestationnel (DG) par rapport à des anti hyperglycémiants par voie orale ou à des interventions non pharmacologiques, à partir des études les plus pertinentes (essais contrôlés et randomisés) publiées jusqu’en mai 2017.
- Les essais comprenant des femmes présentant un diabète de type 1 ou 2 préalablement et les études croisées ont été exclus.
- Les évaluations cherchaient également à comparer l’insuline humaine à différents analogues de l’insuline, ainsi que différents horaires de prise.
Principales limitations
La qualité des preuves des études identifiées était très faible à modérée. Les données sont issues de pays très différents, incluant des pays à revenus faibles, moyens et élevés. Aucune étude n’a étudié la santé du bébé durant son enfance.
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