Une randomisation mendélienne éclaire les liens entre DMO, tabac et alcool

  • Guo R & al.
  • Calcif Tissue Int

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Selon cette étude par randomisation mendélienne, il existerait une association inverse entre les gènes impliqués dans le tabagisme et la densité minérale osseuse (DMO) : elle serait significative pour la DMO mesurée au niveau du talon, puis tendrait à l’être pour la DMO mesurée au niveau du col du fémur et de l’avant-bras, mais ne le serait pas concernant la DMO lombaire. Parallèlement, aucune association n’a été retrouvée concernant les gènes impliqués dans la consommation d’alcool et la DMO.

  • Le recours à la randomisation mendélienne permet de réduire le risque lié à des facteurs de confusion oubliés et celui lié aux possibles liens de causalité inverse. En utilisant les variants génétiques connus pour influencer la consommation de tabac ou d’alcool, il est possible de comparer la DMO des personnes porteuses du génotype considéré à celle des personnes non porteuses. La mise en évidence d’une association entre la valeur de DMO et l’allèle considéré peut constituer un argument supplémentaire soutenant l’existence d’une relation causale entre les deux.

  • Ces données confortent l’idée que le tabagisme est associé à des valeurs de DMO plus faibles. Cette étude, menée à partir de populations d’origine européenne, doit maintenant être répliquée pour des populations d’autres origines géographiques, avec d’autres indicateurs génétiques et auprès d’un plus large effectif.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée?

De nombreuses études épidémiologiques ont mis en avant une association entre la consommation de tabac ou d’alcool et la DMO, mais d’autres les ont contredites. Les méta-analyses qui ont cherché à synthétiser ces données suggèrent l’existence d’un lien mais de nombreux facteurs potentiels de confusion oubliés ou non contrôlés, et des limites méthodologiques en réduisent la portée. La randomisation mendélienne peut améliorer le niveau de preuve actuel.

Méthodologie

  • Les chercheurs ont identifié des variants génétiques décrits comme associés au tabagisme (142), au nombre de cigarettes quotidiennes (3), ou à l'initiation du tabagisme (1) ainsi que d’autres décrits comme associés à la consommation d'alcool (6) à partir des études d'association génomique (GWAS) publiées dans la littérature.

  • Ils ont ensuite utilisé les données de 32.735, 28.498, 8.143 et 445.921 sujets européens issus du consortium GEFOS ou de l’UK Biobank pour rechercher les associations entre ces variants et la valeur de la DMO au niveau du col du fémur, du rachis lombaire, de l'avant-bras et du talon, respectivement.

Principaux résultats

  • Le fait d’être fumeur tendait à être négativement associé à la DMO au niveau du talon (β=- 0,053, p=0,003), du col du fémur (β=-0,139, p=0,053) et de l’avant-bras (β =-0,264, p= 0,077). Le fait de commencer à fumer était significatif concernant la mesure de la DMO au talon (β=- 0,201, p=3,60.10-8) et le niveau de consommation était inversement associé à une faible DMO au niveau fémoral (β=-0,014, p=0,047).

  • Aucune association n’a pu être mise en évidence entre les variants génétiques impliqués dans la consommation d'alcool et la DMO.

Financement

L'étude a été financée par des fonds publics chinois.