Une profonde défiance de nombreux jeunes à l’égard de la science
- Actualités Médicales
À la demande des Fondations Jean Jaurès et Reboot, l’IFOP (Institut français d'opinion publique) a réalisé un sondage sur la perception des sciences par les jeunes Français1 auprès d’un panel de 2.003 d’entre eux (1.061 jeunes de 11 à 17 ans et 942 jeunes de 18 à 24 ans), par questionnaire auto-administré sur internet entre le 28 octobre et le 7 novembre 20222. Ses résultats sont inquiétants.
Un sur trois (33%) pense que « la science apporte à l’homme plus de bien que de mal », contre 55% il y a cinquante ans (1972). Et 17% estiment que son apport à l’humanité est plus nocif que positif, soit le triple par rapport à 1972 (6%).
Les vérités alternatives se portent bien
Plus d’un sur quatre (27%) contestent le fait que « les humains sont le fruit d’une longue évolution d’autres espèces, comme les singes » et pensent qu’ils « ont été créés par une force spirituelle. » Autre exemple : 16% des 18-24 ans, soit des jeunes qui pour la plupart viennent de finir leur scolarité, affirment que la terre est plate. Sur le plan médical, l’état des lieux n’est guère brillant non plus. Pour un quart des jeunes de 18 à 24 ans (25%), l’hydroxychloroquine est un traitement efficace du Covid-19 et pour presque un tiers d’entre eux (32%), « les vaccins à ARNm [...] génèrent des protéines toxiques qui causent des dommages irréversibles dans les organes vitaux des enfants. » Certaines idées peuvent avoir des répercussions gravissimes. Ainsi un quart des jeunes (25%) pensent qu’on « peut avorter sans risque avec des produits à base de plantes ».
Le rôle majeur des réseaux sociaux
Au total, deux jeunes sur trois (69%) croient à au moins une « vérité alternative », sans adhérer pour autant à toutes. Les auteurs de l’enquête discernent trois principales variables corrélées avec ce dissensus à l’égard de la science :
- Des conditions sociales défavorables (revenu, statut d’emploi – par exemple, 86% des jeunes ouvriers et 78% des jeunes employés sont d’accord avec au moins une vérité alternative).
- Le degré d’importance donnée à la religion (85% des « croyants et religieux » versus 62% des athées), surtout chez les musulmans (82%) et chez les catholiques (75%).
- L’utilisation très régulière des réseaux sociaux, en particulier ceux de microblogging (81%), en particulier TikTok (74%) et ceux utilisant ce réseau comme moteur de recherche (79%). Un tiers des jeunes (33%) déclarent avoir confiance dans les réseaux sociaux de partage de photos et vidéos. « Chiffre alarmant, 41% des jeunes qui utilisent TikTok comme un moteur de recherche adhèrent à l’affirmation selon laquelle un influenceur qui a un nombre important d’abonnés a tendance à être une source fiable. »
Une fracture générationnelle
Trois résultats méritent d’être relevés. En premier lieu, la croyance dans au moins une vérité alternative ne dépend que très peu du degré d’instruction. Ainsi on note avec inquiétude qu’elle concerne les trois quarts (74%) des jeunes professionnels de santé (médecine, pharmacie, etc), en formation ou pas. Ensuite, il existe une « fracture générationnelle », la défiance à l’égard de la science étant bien plus élevée chez les jeunes que chez les séniors (par comparaison avec des enquêtes antérieures). Par exemple, près des deux tiers des jeunes (61%) croient en au moins une discipline de mancie, alors que c’est le cas pour seulement 39% des seniors. Enfin, cette défiance porte sur les sciences académiques et non sur « la science » à proprement parler. Ainsi 50% des jeunes pensent que les caractères personnels s’expliquent par l’astrologie et 49% d’entre eux pensent que « l’astrologie est une science ».
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