Une prise en charge globale nécessaire chez les patients hospitalisés pour COVID-19

  • Hao F & al.
  • Transl Psychiatry

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Cette étude chinoise basée sur un petit échantillon fait ressortir les besoins biopsychosociaux des patients ayant été hospitalisés pour un COVID-19.
  • Une plus forte anxiété, impulsivité et des troubles du sommeil plus fréquents ont été identifiés chez ces patients par rapport à un échantillon de patients psychiatriques ou de patients sains, probablement en lien avec leur placement en isolement, la perte du lien social et la privation de liberté.
  • Ces résultats éclairent sur la nécessité d’une prise en charge plus globale des patients atteints de COVID-19 de façon à prévenir l’impact psychosocial de la maladie (exercice, nutrition, hygiène de vie, psychothérapie, etc.).

 

 

L’impact psychologique de l’épidémie COVID-19 a été davantage étudié chez les soignants que chez les patients infectés. Cependant, les atteintes cérébrales constatées chez certains au plan neurologique, ainsi que les difficultés physiques et psychologiques liées au vécu de la maladie sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé mentale. De premiers résultats ont fait part de syndromes de stress post-traumatique dans les suites de la maladie. Une étude chinoise parue dans Translational Psychiatry a analysé cet impact psychologique et les séquelles psychiatriques chez des patients ayant été hospitalisés pour une maladie COVID-19.

Méthodologie

Pour ce faire, elle a comparé 10 patients de 18 ans ou plus hospitalisés pour un COVID-19 dans différents hôpitaux de Chongqing (sans assistance respiratoire), avec 10 patients psychiatriques appariés sur l’âge et le sexe ainsi que 10 patients sains en bonne santé, tous résidant dans la même ville.

Les informations concernant ces patients ont été recueillies par questionnaire (approche quantitative), puis un entretien semi-structuré était mené de façon à mieux comprendre comment la maladie avait été vécue et son impact psychologique. Il vérifiait également qu’aucun symptôme n’avait été oublié (approche qualitative).

Résultats

  • Parmi les patients COVID-19, 40% avaient des anomalies visibles au scanner thoracique, 20% avaient une dysosmie, 10% une dysgueusie. La plupart d’entre eux (80%) avaient reçu des résultats positifs confirmés par deux tests RT-PCR et avaient été placés en quarantaine durant 2 mois au moment de l’entretien.
  • Concernant les symptômes psychologiques présents au cours des 7 derniers jours, les patients du groupe COVID-19 et ceux du groupe psychiatrique étaient plus inquiets pour leur santé que ceux du groupe de patients sains (p=0,019), avec un niveau d’anxiété important pour 20% d’entre eux.
  • Les patients COVID-19 étaient également plus impulsifs (p=0,016) par rapport aux deux autres groupes et souffraient plus fréquemment d’insomnie (50% des patients COVID-19 contre 30% chez les patients psychiatriques et 0% chez les patients sains, p=0,039).
  • L’impact psychologique de l’épidémie mesuré sur l’échelle IES-R, était plus important chez les patients COVID-19 que dans les deux autres groupes. Et la moitié de ces patients avaient des symptômes du syndrome de stress post-traumatique.
  • Les sous-scores d’anxiété, de dépression, et de stress étaient plus élevés sur l’échelle DASS-21 dans le groupe COVID-19 et psychiatrique par rapport aux patients sains (différences non significatives pour tous les items).
  • Trois thématiques principales sont ressorties lors des entretiens : les émotions ressenties après l’infection COVID-19 (maladie ressentie comme un stress majeur, peur de voir leur santé se détériorer ou de mourir, dépression, désespoir, sentiment d’isolement et d’ennui), les facteurs environnementaux ayant affecté l’humeur des patients (l’attention et les soins prodigués par les soignants, mais aussi la discrimination, l’inquiétude face aux frais médicaux), et les stratégies d’adaptation et de développement personnel (distraction, maintien de rituels et de pensées positives, recherche de solutions et de soutien en ligne).