Une nouvelle étude sur le jeûne intermittent relance le débat
- Dr Jürgen Sartorius
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
Il a été demandé à des sujets de suivre un régime hypocalorique (500 kcal inférieur à leurs besoins énergétiques calculés sur une base individuelle) et de pratiquer une activité physique pendant 75 à 150 minutes par semaine, en fonction de leurs habitudes et de leur résistance.
Sur plus de 600 individus recrutés, seuls 90 ont satisfait aux critères d'inclusion dans l'étude. Ils ont été randomisés en deux groupes :
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45 personnes se sont engagées à suivre un jeûne intermittent 6 jours par semaine. Elles ne devaient ces jours-là, manger qu'entre 7 heures et 15 heures (early time restricted eating = eTRE),
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les 45 autres personnes n'étaient soumises à aucune restriction horaire (groupe contrôle).
La randomisation a été effectuée par appariement en fonction du sexe, de l'origine ethnique, de l'IMC et de diverses valeurs métaboliques afin d'obtenir deux groupes comparables. L'ensemble des données a été recueilli par la Weight Loss Medicine Clinic de l'Université d'Alabama, aux États-Unis. Les deux critères d'évaluation primaires étaient la perte de poids et de graisse, et les critères d'évaluation secondaires comprenaient la pression artérielle, les taux de glucose, d'insuline et de lipides plasmatiques, ainsi que l'humeur.
« Dans cette étude, la différence [de temps sans manger] entre les deux groupes s’élevait à près de 5 heures, ce qui est nettement plus important que dans une étude publiée récemment en Chine », note Stephan Martin. « C'est probablement pour cette raison que l'on constate ici une perte de poids significativement plus élevée pour un même apport calorique. »
Après 14 semaines, les participants du groupe eTRE ont perdu 6,3 kg en moyenne, soit une différence significative de 2,3 kg par rapport à ceux du groupe contrôle.
La perte de masse grasse et le rapport perte de masse grasse/perte de poids corporel n'ont toutefois pas diminué de manière significative dans le groupe eTRE par rapport au groupe témoin. Les effets observés dans le groupe eTRE ont été jugés comme étant globalement similaires à une réduction supplémentaire de 214 kcal/j.
« Ces données peuvent être considérées comme une preuve que le jeûne intermittent, pour un apport énergétique comparable, augmente la perte de poids », estime Stephan Martin, car d'autres études confirment que l'obésité n'est pas nécessairement causée par un apport calorique trop élevé.
Par ailleurs, la pression artérielle diastolique a baissé de 4 mmHg dans le groupe eTRE par rapport au groupe contrôle (-5 contre -1 mmHg). Quant à l'humeur, évaluée à partir de la fatigue « subjective », de l'énergie apparente et de la lassitude éventuel des participants, elle s'est avérée meilleure dans le groupe eTRE.
Les autres critères d'évaluation secondaires, tels que les facteurs de risques cardiaques et métaboliques, la qualité du sommeil et la pression artérielle systolique, n'ont pas été modifiés de manière significative par la limitation de la période autorisée pour s’alimenter mais, dans l’ensemble, ils tendaient vers une amélioration.
Les auteurs réunis autour du Dr Humaira Jamshed (Université de Birmingham, en Alabama) considèrent leur étude comme une première étape prometteuse pour étayer la thèse selon laquelle le jeûne intermittent apporterait un bénéfice supplémentaire sur la perte de poids. Ils souhaitent mettre en place d'autres études, avec davantage de participants et des périodes d'observation plus longues.
L’insulinémie pourrait avoir une importance décisive pour expliquer les résultats observés.
« Il est intéressant de noter la baisse significative des taux basaux d'insuline dans le groupe eTRE, alors que c’est nettement moins le cas dans le groupe contrôle », souligne Stephan Martin. « Ce serait donc plutôt la production d'insuline qui est à considérer comme un facteur important de la régulation du poids », rappelant qu’en plus de son effet réducteur sur la glycémie, l'insuline bloque la lipolyse et favorise la lipogenèse.
« Étant donné que ce n'est pas seulement le sucre de table qui augmente le taux d'insuline mais également toute forme de féculent tels que les pommes de terre, le pain, les pâtes et le riz, la combinaison d’une faible teneur en glucides et d’un jeûne intermittent entraîne peut-être une perte de poids encore plus importante », conclut Stephan Martin. « À l'époque des chasseurs-cueilleurs, il n'existait probablement pas de repas à base de féculents. »
Cet article a été écrit par le Dr Jürgen Sartorius, initialement publié sur Medscape Allemagne et traduit/adapté par Claude Leroy pour Medscape France.
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