Une méta-analyse apporte des réponses sur l’impact du profil du patient sur la réponse aux anti-TNF

  • Law-Wan J & al.
  • RMD Open

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

Une méta-analyse a été réalisée à partir de données individuelles de patients traités par anti-TNF pour une polyarthrite rhumatoïde (PR). L’objectif était d’évaluer l’association de certains facteurs individuels ou environnementaux au risque d’échec aux traitements. Les résultats montrent que :

  • Les sujets obèses (Indice de Masse Corporelle (IMC) >30kg/m2) sont plus à risque de non-réponse aux anti-TNF que les autres,
  • Les patients ayant une maladie très active à l’inclusion, ainsi que ceux dont la maladie est ancienne, ont plus de chance de bien répondre aux anti-TNF.

Les auteurs avancent l’hypothèse que le volume de distribution et la production de cytokines pro-inflammatoires, modifiés par l’obésité seraient impactants. Ils suggèrent de peser l’intérêt d’une perte de poids chez les sujets obèses avant d’initier un anti-TNF.

Pourquoi est-ce important ?

Environ un tiers des patients PR ont une réponse insuffisante aux anti-TNF. Plusieurs facteurs ont été évoqués dans la littérature, sans que les preuves ne soient formelles. D’où l’intérêt d’une méta-analyse basée sur des données individuelles.

Méthodologie

Une revue de la littérature a été réalisée afin d’identifier les études d’intérêt publiées entre 1994 et 2017 ayant évalué l’efficacité d’un anti-TNF par rapport à un placebo ou à un traitement conventionnel. La réponse au traitement a été évaluée dans des sous-groupes d’individus constitués selon leurs caractéristiques : statut tabagique, activité physique, sexe, âge (≤50/>50 ans), IMC (<30/≥30 kg/m2), profil d’auto-anticorps, durée de la maladie (<2/2-10/≥10 ans), activité de la maladie à l’inclusion (mesurés par le DAS28-CRP (Disease Activity Score sur 28 articulations, protéine C réactive ≤5,1/>5,1).

Principaux résultats

Les données poolées de 29 essais cliniques randomisés, contrôlés versus placebo et menés en double aveugle ont permis d’analyser les informations provenant de 11.617 patients atteints de PR. Les 5 anti-TNF évalués étaient les suivants : adalimumab, étanercept, certolizumab, golimumab et infliximab. Le nombre médian de patients randomisés par essai était de 444. Les analyses ont mis en évidence que le statut tabagique, l’activité physique, le sexe, l’âge, l’IMC, le taux d’ACPA (anti-Citrullinated Peptides Antibodies), le statut en facteur rhumatoïde (RF), la durée et l’activité de la maladie à l’inclusion (DAS 28) n’influençaient pas significativement l’activité de la maladie (variation du DAS28 dans les 6 premiers mois de traitement par rapport au placebo) ou la bonne réponse EULAR (European League Against Rheumatism) au anti-TNF.

En revanche, dans les 6 premiers mois du traitement, les sujets obèses avaient significativement plus de risque de ne pas être répondeurs (selon les critères EULAR) à un traitement par anti-TNF versus placebo que les patients non obèses (odds ratio 0,52 versus 0,36 chez les non obèses (IMC<30 kg/m2), p=0,01 entre les groupes). Un modèle de méta-régression multivariée a mis en évidence chez 7.457 sujets que la durée de la maladie ainsi que le niveau d’activité de celle-ci à l’inclusion affectait positivement la réponse aux anti-TNF : respectivement le DAS28-CRP final était diminué de 0,02 pour chaque année supplémentaire de maladie et de 0,21 pour les patients qui avaient un DAS28-CRP >5,1 à l’inclusion.

Principales limitations

L’hétérogénéité des données était très importante (I2>70%) notamment dans les sous-groupes évaluant les patients non-fumeurs, les femmes non obèses, les patients FR positifs ou ACPA positifs et ceux ayant un DAS28 élevé à l’inclusion.