Une large étude française sur les troubles hypertensifs gestationnels

  • Ouidir M & al.
  • Int J Environ Res Public Health

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Les troubles hypertensifs (hypertension chronique, hypertension gestationnelle, prééclampsie/éclampsie) sont des situations à risque de morbi-mortalité fœtale et maternelle. Une étude nationale a évalué la prévalence de ces différents troubles à partir de plus de 6 millions de grossesses.

  • Environ 8% des femmes enceintes auraient un trouble hypertensif durant leur grossesse.
  • Les troubles hypertensifs et l’éclampsie augmenteraient avec l’âge de la mère.
  • Une prééclampsie compliquée concernerait 2,9% des nullipares et 1,2% des multipares.

Méthodologie

Les femmes incluses dans cette étude ont accouché entre 2010 et 2018. Les données médicales recueillies durant leur grossesse ont été considérées et elles ont été suivies 6 semaines après leur accouchement.

Principaux résultats

Entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2018, sur l’ensemble des accouchements réalisés en structure hospitalière en France, 6,3 millions ont été inclus dans les analyses (soit 4,4 millions de femmes, dont 2,8 millions de nullipares).

Au sein de cette population, 7,4% ont eu des troubles hypertensifs compliqués durant leur grossesse (8,4% pour les nullipares et 6,5% pour les multipares).

Les femmes ayant des troubles hypertensifs durant l’étude étaient globalement plus âgées que les autres, et étaient plus susceptibles d’appartenir à un milieu socio-économique défavorisé, d’être obèses, d’avoir un diabète gestationnel et des antécédents personnels de maladie cardiovasculaire. Les femmes avec prééclampsie sévère étaient moins souvent fumeuses par rapport à celles qui n’avaient pas de troubles hypertensifs ou qui avaient une hypertension chronique préalable (7,8% versus 8,9% et 11,3%). Les femmes qui avaient des troubles hypertensifs durant leur grossesse étaient également plus susceptibles d’avoir déjà eu une maladie cardiovasculaire ou inflammatoire, un AVC ou une embolie pulmonaire.

Par rapport à celles qui n’avaient pas de troubles hypertensifs durant leur grossesse, celles qui avaient une prééclampsie précoce durant leur grossesse étaient plus susceptibles d’avoir eu une césarienne (88,5% versus 25,0%), d’avoir eu une grossesse multiple (11,3% versus 1,9%) ou un enfant mort in utero (0,2% versus 0,04%). 

Après ajustement sur l’âge, les antécédents d’hypertension chronique, la prévalence de l’hypertension chronique était de 1,8% et 1,6% chez les nullipares et multipares respectivement , celle de l’hypertension gestationnelle respectivement de 4,6% et 3,9%, et celle de la prééclampsie de 2,9% et 1,2%.

Au global, 40% des éclampsies étaient des formes sévères et concernaient autant les nullipares que les multipares et 20% de prééclampsie des nullipares étaient des formes précoces. L’éclampsie a concerné 0,1% des femmes nullipares ou multipares, et le syndrome HELLP 10% des prééclampsies (soit une prévalence de 0,2%).

Après ajustement, une hypertension préalable non persistante ou persistante et une hypertension gestationnelle multipliaient le risque de prééclampsie respectivement par 6,2, 7,5 et 2,9 chez les nullipares et par 12,2, 15,1 et 4,2 chez les multipares.

L’incidence des prééclampsie doublerait entre 27 et 40 ans et le risque d’hypertension gestationnelle serait multiplié par 1,7 entre ces deux âges.

La surveillance et la prise en charge des femmes ayant des troubles hypertensifs durant leur grossesse est un véritable enjeu dans le but d’éviter les complications liées à ces désordres.