Une formulation de lait infantile enrichie tend à mimer le microbiote intestinal permis par l’allaitement
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Des chercheurs français et belges ont mené une étude pour évaluer l’intérêt d'un lait infantile symbiotique contenant à la fois des probiotiques (Lactobacillus fermentum CECT5716) et des prébiotiques (galacto-oligosaccharides ou GOS) sur la composition du microbiote fécal de nourrissons non allaités.
- À 4 mois, les nourrissons ayant reçu le lait infantile supplémenté avaient une composition du microbiote intestinal plus proche de celle des enfants nourris au sein que celle des nourrissons nourris par le lait infantile classique. Les enfants non allaités avaient une abondance relative plus importante de bactéries anaérobies strictes et ceux recevant la formulation symbiotique avaient une abondance plus élevée en bifidobactéries.
- Le pH fécal et la concentration en butyrate étaient également plus faibles chez ceux ayant reçu la formulation enrichie. Ces faibles concentrations « correspondent au concept habituel de maturation du microbiote (...). À cet égard, les nourrissons du groupe symbiotique ressemblaient aux nourrissons allaités, c'est-à-dire qu'ils présentaient des concentrations plus faibles de butyrate. À M12, l'intervention a entraîné une plus grande abondance relative de fécalibactéries, qui sont d'importants producteurs de butyrate dans l'intestin humain, à des niveaux similaires à ceux des nourrissons allaités». Il serait maintenant intéressant de mener « une analyse plus approfondie des paramètres cliniques associés à ces changements (…) pour tester le potentiel de prévention de maladies comme, par exemple, les diarrhées ou les infections des voies respiratoires ».
Pourquoi est-ce important ?
Les deux composés testés dans cette étude sont le Lactobacillus fermentum CECT5716, une souche dérivée du lait maternel et dont les propriétés probiotiques ont été décrites, et les galacto-oligosaccharides (GOS), des polymères de glucides qui favorisent la croissance des bifidobactéries et contribuent à la qualité des selles.
Des données préliminaires suggèrent que ces deux composés pourraient avoir des effets bénéfiques sur la composition du microbiote intestinal des nourrissons qui ne peuvent ou ne sont pas allaités, notamment sur le plan gastro-intestinal et respiratoire. Afin d’évaluer concrètement leur influence sur le microbiote des nourrissons, des chercheurs ont mené cet essai multicentrique, randomisé, contrôlé en double aveugle.
Méthodologie
Cette étude a été conduite auprès de nourrissons issus de 41 centres français et belges. Les nourrissons non allaités ont été randomisés entre le lait maternisé de référence et le lait maternisé enrichi en L fermentum CECT5716 et GOS. Un groupe de référence a été également formé pour suivre l’évolution du microbiote intestinal d’enfants allaités, ayant au maximum un repas de lait maternisé par 24 heures jusqu'à l'âge de 4 mois au moins. Les paramètres cliniques et la composition du microbiote fécal ont été mesurés à 4, 12 et 24 mois.
Principaux résultats
Au total, 540 enfants ont été enrôlés dans cette étude.
D’une manière générale, la diversité globale et l’abondance relative de bifidobactéries et d'Enterobacteriaceae étaient relativement faibles chez les nourrissons au cours de la première année de vie. Le profil du microbiote présentait une variabilité inter-individuelle importante avec 2 à 3 groupes distincts de profils aux différents temps de l’étude, avec une hétérogénéité maximale à 4 mois, puis moindre au fil du temps. Après 12 mois, les différences observées ont eu tendance à disparaître, à l'exception d'une abondance relative en bifidobactéries qui était comparable entre ceux qui avaient reçu la formule enrichie et ceux qui avaient été allaités, et supérieure à celle du groupe ayant reçu le lait infantile standard.
Par rapport aux enfants allaités jusqu’au 4e mois, les deux groupes d’enfants alimentés par le lait infantile avaient une prévalence et une abondance relative plus élevées d'anaérobies stricts (Akkermansia, Collinsella et Faecalibacterium). Les enfants ayant reçu la formulation enrichie avaient un taux de butyrate et un pH intestinal plus faibles, mais une teneur en eau des selles plus élevée, avec des chiffres proches de ceux du groupe allaités.
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