Une étude vient de mettre en évidence des facteurs favorisant la reprise chirurgicale pour infection sur prothèse de hanche

  • Lenguerrand E & al.
  • Lancet Infect Dis

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Les résultats de cette étude de grande envergure suggèrent qu’il existe des facteurs modifiables et d’autres non modifiables associés au risque de reprise chirurgicale pour infection sur prothèse de hanche. L’âge, la présence d’une maladie chronique pulmonaire, d’une maladie hépatique, d’un diabète, d’une démence, ainsi que des facteurs liés à la première intervention pour pose de prothèse (type de chirurgie, choix de la prothèse) ont été associés à l’augmentation du risque de reprise chirurgicale. Par ailleurs, certains facteurs auraient un impact différent selon la période post-pose de prothèse évaluée : par exemple, la démence augmenterait le risque à court terme et la présence d’une maladie hépatique augmenterait le risque à long terme. En revanche, l’âge et l’IMC augmenteraient le risque quelle que soit la période post-opératoire évaluée. Ainsi, le risque de révision chirurgicale pour infection sur prothèse de hanche serait associé à des facteurs liés au patient, à la chirurgie et dépendrait du temps.

Pourquoi est-ce intéressant ?

Les données disponibles jusque-là proviennent d’essais de courte durée qui ne permettaient pas de différencier les facteurs associés à une infection précoce causée par l’intervention et ceux conduisant à une infection plus tardive, plus souvent liée à une propagation hématogène. La mise en exergue de facteurs modifiables et non modifiables en lien avec le risque de reprise chirurgicale pour infection sur prothèse de hanche à partir d’une large cohorte permet de mettre en place des stratégies pour agir sur les facteurs modifiables et pour mieux conseiller le patient en post-chirurgie également.

Méthodologie

Étude prospective, observationnelle de cohorte basée sur l’analyse de 623.253 poses de prothèses de hanches survenues entre le 1eravril 2003 et le 31 décembre 2013 en Angleterre et au Pays de Galles (données issues d’un registre national). La survenue d’une infection sur prothèse a été évaluée sur différentes périodes post-chirurgie (0-3 mois, 3-6 mois, 12-24 mois et plus de 24 mois).

Principaux résultats

Au global, sur les 623.253 procédures initiales, 2.705 sujets ont subi une reprise chirurgicale pour infection sur prothèse de hanche dans les 4 à 5 ans suivant la pose (valeur médiane 4,6 ans [2,6-7,0]). L’âge moyen des patients était de 68 ans. 

Les hommes étaient plus à risque de reprise chirurgicale que les femmes (ratio de risque (RR) de 1,7 [1,6-1,8]). De même, les sujets de plus de 70 ans, étaient moins à risque que les sujets de moins de 60 ans, cependant cette diminution de risque n’était perceptible que 6 mois après la chirurgie.

Les patients ayant un IMC ≥30 kg/métaient plus à risque que ceux <25 kg/m(RR de 1,9 [1,7-2,2]), de même que ceux qui souffraient d’un diabète par rapport à ceux qui n’en souffraient pas (RR 1,4 [1,2-1,5]).

D’autres comorbidités ont été associées à l’augmentation du risque de reprise chirurgicale, notamment la présence d’une maladie pulmonaire chronique, d’une insuffisance cardiaque congestive, d’une maladie hépatique, d’une arthrite septique, d’une fracture du col du fémur ou encore d’une démence.

La présence d’un diabète ou d’une démence augmenterait le risque de révision chirurgicale à court terme, alors que la maladie hépatique l’augmenterait au-delà de 24 mois. En revanche, aucune spécificité liée au temps n’a été mise en évidence pour les autres comorbidités.

L’indication de la pose de la prothèse aurait également un impact. Ainsi, les sujets opérés pour coxarthrose avaient un moindre risque par rapport à ceux qui ont bénéficié d’une prothèse de la hanche pour une autre indication. 

Autre élément intéressant, à 24 mois et plus, les prothèses de hanche en céramique seraient associées à un risque de révision chirurgicale pour infection sur prothèse plus faible que les prothèses de hanche en métal (RR 0,7 [0,5-0,9]). 

Par ailleurs, ces analyses montrent que le risque de reprise chirurgicale pour infection sur prothèse serait très faiblement affecté par les compétences du chirurgien, et le volume des procédures réalisées par l’hôpital ou le chirurgien lui-même.

Principales limitations

Étude observationnelle.