Une étude montre que le microbiote peut également favoriser les troubles de la mémoire !

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

S’il est admis que le stress chronique et le déséquilibre du microbiote intestinal peuvent favoriser le développement de troubles dépressifs, une équipe de l’Institut national de recherche pour l’agriculture l’alimentation et l’environnement (INRAE) a souhaité savoir s’il existait une « boucle pathologique » également vis-à-vis des troubles de la mémoire. 

À partir d’un modèle animal, les chercheurs ont montré que le transfert d’un échantillon de microbiote d’individus stressés, favorisait chez les individus receveurs :

  • un comportement de stress alors qu’ils n’avaient pas de raison de l’être ;
  • une augmentation des taux d’hormones liées au stress ;
  • et une altération des capacités de mémorisation par rapport aux sujets qui avaient reçu un échantillon de microbiote de sujets non stressés.

Ainsi, les chercheurs ont mis en évidence l’existence d’une boucle du stress où les troubles de la mémoire sont maintenus par la dysbiose intestinale.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

Une précédente étude avait apporté les preuves mécanistiques que le stress, l’alimentation et le microbiote intestinal favorisaient une «boucle pathologique » contribuant aux troubles dépressifs via le système endocannabinoïde central. Or, cette boucle n’avait pas encore été mise en évidence pour d’autres troubles, tels que les troubles cognitifs induits par le stress.

Méthodologie

Le microbiote de cailles adultes ayant subi un stress a été transféré à de jeunes cailleteaux. Le comportement et les capacités de mémoire de ces jeunes ont été comparés à celui de cailleteaux ayant reçu le microbiote de cailles adultes non stressées.

Principaux résultats

Les cailleteaux ayant reçu le microbiote d’animaux ayant subi un stress ont non seulement adopté un comportement de sujets stressés, notamment peureux, mais ils ont également présenté des désordres cognitifs.

Le microbiote intestinal des animaux stressés différait de celui des individus non stressés, avec notamment une diversité alpha et bêta moindre, une augmentation de l’abondance en Bacteroïdetes (notamment en Alistipes genus bien connu comme étant un facteur favorisant le stress chez les rongeurs comme chez les humains).

Les jeunes cailleteaux ayant reçu le microbiote de cailles stressées avaient un taux d’hormones liées au stress comparable à celui des cailles adultes stressées. Ces sujets présentaient également des troubles de la mémoire (difficultés à retrouver l’emplacement de contenants alimentaires).

Ces éléments apportent la preuve de l’existence d’une boucle rétroactive du stress et de la mémoire reliant l’axe microbiote-intestin-cerveau laissant supposer qu’un microbiote sain pourrait atténuer les troubles de la mémoire liés au stress chronique.