Une équipe toulousaine met au point un algorithme pour dépister les femmes à risque de pré-éclampsie

  • Genoux A & al.
  • Ann Cardiol Angeiol (Paris)

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

En France, la pré-éclampsie concerne environ 1,5% des primipares et 0,8% des multipares. Le CHU de Toulouse a mis en place un dépistage ciblé de la pré-éclampsie (PE) pour les femmes enceintes primipares ou présentant des antécédents familiaux ou personnels de PE. Comment les équipes soignantes procèdent-elles ? Elles identifient les femmes à risque grâce à un algorithme (Fetal Medicine Foundation - FMF) combinant les caractéristiques maternelles, les données cliniques (pression artérielle moyenne et index de pulsatilité des artères utérines), biophysiques et biochimiques (PAPP-A pour Pregnancy Associated Plasma Protein-A et PIGF pour Placenta Growth Factor). Les résultats obtenus par cette méthode ont ensuite été comparés à un mini-test excluant le PIGF et les données biophysiques. Les résultats de cette étude montrent que sur les 500 femmes qui ont bénéficié de ce dépistage entre 2016 et 2017, 3,6% ont été identifiées comme étant à risque de développer une PE avant la 34semaine d’aménorrhée (SA) et 9,6% entre la 34et la 37SA. Les femmes de plus de 30 ans avaient un risque légèrement plus élevé de PE précoce (4,2% vs 3,0%) et deux fois plus important de PE intermédiaire (13,1% vs 6,5%). En revanche, le mini-test n’a permis de dépister que 56% des femmes à risque précoce de PE. Or, la détection précoce des cas de PE permettrait une prise en charge prophylactique par aspirine.

Pourquoi est-ce important ?

La Société française d’hypertension artérielle a émis un consensus en partenariat avec le Collège national des gynécologues-obstétriciens français afin de faciliter la prise en charge de la PE. Cette dernière n’a pas seulement un retentissement obstétrical mais constitue un risque de maladies cardiovasculaires et rénales ultérieures pour la mère.

Or, si la prise en charge actuelle se limite au traitement symptomatique de l’hypertension, des complications de la maladie et à l’extraction placentaire en cas de risque vital, l’utilisation de l’aspirine en prophylaxie permettrait de réduire le risque de développer une PE précoce de 90%1. D’où l’intérêt de pouvoir dépister les femmes à risque pour une prise en charge adaptée.

Actuellement, seules les recommandations de l’American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) et du National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) proposent un dépistage de la PE axé sur les caractéristiques maternelles et les antécédents médicaux et obstétricaux.

Selon l’ACOG, les femmes à risque de PE sont celles qui présentent au moins un facteur de risque parmi les suivants : âge >40 ans ; IMC > 30 kg/m2 ; nulliparité ; grossesse multiple ; conception par fécondation in vitro ; antécédent de pré-éclampsie ; hypertension artérielle chronique et/ou atteinte rénale chronique ; diabète de type 1 ou 2 et lupus érythémateux disséminé ou thrombophilie. 

Et selon le NICE, une femme est à risque de PE si elle présente un facteur à haut risque ou deux facteurs à risque modéré parmi les suivants : 

  • Facteurs à haut risque : antécédent de grossesse avec hypertension artérielle ; atteinte rénale chronique ; pathologie auto-immune ; diabète et hypertension artérielle.
  • Facteurs à risques modérés : âge >40 ans ; intervalle inter-grossesse >10 ans ; IMC >35kg/mà la première visite et histoire familiale de pré-éclampsie.

Une évaluation des performances de ces approches montre que les recommandations ACOG et NICE permettent d’identifier une PE <37 SA avec une sensibilité respective de 90% et 39% et un taux de faux positifs de 64,2% et 10,2%.

Principales limitations

Etude monocentrique, rétrospective sans suivi des patientes dépistée (déclaration de PE ou non). L’exploration des performances du dépistage n’a pas pu être établi, la faible taille de l’échantillon a pu être un élément limitant.