Une corrélation préoccupante entre fragilité des personnes âgées et polymédication
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Le concept de fragilité des personnes âgées (65 ans et plus) est désormais bien reconnu en médecine. Chez les patients concernés, la HAS recommande de simplifier le traitement médicamenteux, et notamment de diminuer la polymédication. En effet celle-ci les expose aux risques d’effets indésirables et de prescriptions potentiellement inappropriées (possiblement délétères ou d’efficacité discutable). Des études épidémiologiques ont montré qu’en réalité, les personnes fragiles sont plus souvent polymédiquées que les non fragiles. Le travail mené à partir de l’Enquête santé et protection sociale de l’IRDES (2012) et des données de l’Assurance maladie visait à préciser ce résultat.
La fragilité a été définie selon 5 dimensions (phénotype de Fried) : fatigue, perte non intentionnelle de 5 % du poids au cours des douze derniers mois, faiblesse musculaire, mobilité réduite, faible niveau d’activité physique. Les personnes fragiles sont celles répondant à au moins trois de ces paramètres. Elles représentent 15 % de la population de l’étude : personnes de 65 ans et plus vivant en ménage ordinaire.
La polymédication a été définie comme un nombre égal ou supérieur à 5 médicaments remboursés par période de 3 mois ; elle est excessive quand ce nombre est égal ou supérieur à 10. À ce critère quantitatif a été ajouté un critère qualitatif : celui de prescriptions potentiellement inappropriées (PPI) car ayant un mauvais rapport bénéfice/risque du médicament en population âgée (critères de Laroche complétés par la notion d’utilisation prolongée de certains médicaments, notamment les AINS et les benzodiazépines). Parmi eux, une attention particulière a été portée aux médicaments anticholinergiques, qui peuvent être responsables d’effets indésirables périphériques (sécheresse buccale, constipation) et centraux (chutes, vertiges, troubles cognitifs).
Une polymédication et une polymédication excessive ont été rapportées chez respectivement 43 % et 27 % de la population étudiée. De plus, 47 % des patients ont reçu au moins une PPI. La prévalence de la polymédication et celle des PPI augmentent progressivement avec le nombre de critères de fragilité.
Les auteurs recommandent cependant de prendre leurs résultats avec prudence. Entre autres limites, ils font remarquer que la notion de PPI recouvre des situations différentes portant aussi bien sur la sécurité d’emploi que sur une incertitude quant à l’efficacité des médicaments considérés. Les données portent sur les achats de médicaments, et non sur leur utilisation effective. Il manque des informations sur les consommations de médicaments en vente libre ou prescrits à l’hôpital. Enfin certaines données sur la fragilité n’ont pas été renseignées pour tous les patients.
Néanmoins, ils soulignent que leurs résultats corroborent ceux des études antérieures, avec l’avantage de porter sur des individus en ménage ordinaire et ne vivant pas en institution. Aussi, ils encouragent les médecins à supprimer les médicaments dont le rapport bénéfice/risque est faible, notamment les anticholinergiques.
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