Une approche population-centrée et partenariale en santé mentale
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
Dans la continuité de ses travaux sur la réforme du système de santé, le Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM) a confié à Magali Coldefy, docteure en géographie, le soin de proposer un rapport sur « l’approche population-centrée et partenariale en santé mentale ». De quoi s’agit-il ?
Essentiellement de considérer la personne comme patient.e objet des soins dont les valeurs, préférences et besoins sont respectés, mais aussi comme « acteur.e de soins à part entière », placé.e sur un pied d’égalité avec les professionnels de santé, dans « une approche de partenariat ». L’inspiration est québecoise (modèle de Montréal). Le partenariat porte non seulement sur chaque patient.e pris.e individuellement, mais aussi sur son entourage, sur l’organisation des soins et sur la gouvernance du système de santé, d’où l’appellation « population-centrée ».
L’objectif des soins n’est plus la seule rémission clinique, mais le rétablissement, « défini comme une façon de mener une vie satisfaisante, prometteuse et productive, malgré les limites imposées par la maladie, » grâce à « la promotion des capacités des personnes et leur implication dans les actions les concernant, dans la perspective de leur maintien ou leur réengagement dans une vie active et sociale choisie. »
Le rôle essentiel des généralistes réaffirmé
Le rapport détaille plusieurs orientations à adopter, découlant logiquement des points de vue de départ et souvent partagées avec de nombreux problèmes de santé, surtout chroniques : informer, dépister en population générale, impliquer les usagers, réorienter le modèle de soins vers des services co-produits, développer des dispositifs d’intervention précoce, etc.
On retiendra ici l’accent fort mis sur les « services de soins primaires » : « l’intégration d’un bilan de santé mentale à l’instar des bilans somatiques réguliers (prise de tension, pouls, etc...) permettrait une plus grande sensibilisation des personnes à ces questions, une parole et un repérage plus facile de l’émergence de troubles psychiques. » L’auteure du rapport n’ignore pas les contraintes de temps, la brièveté des consultations et la priorité donnée aux symptômes physiques. Mais elle promeut deux types de collaboration entre médecins généralistes et psychiatres :
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Les dispositifs de soins partagés, organisant des consultations d’avis et de suivi conjoint, notamment pour les troubles fréquents, et où le(la) généraliste reste le plus souvent responsable du suivi.
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Le modèle des soins collaboratifs, validé par une centaine d’essais contrôlés randomisés, dans lequel « au moins deux professionnels sont impliqués dans la prise en charge à côté du médecin généraliste (en charge du dépistage, diagnostic et mise en œuvre du traitement) : un professionnel spécialisé (pour l’aide au diagnostic et les éventuels conseils sur le traitement) et un care/case manager pour le suivi « actif » du patient et le lien avec les autres professionnels impliqués. » De plus, « un dépistage systématique de toute la patientèle est effectué grâce à des échelles de mesure validées en santé mentale et les soins proposés sont fondés sur les preuves. »
D’autres actions d’amélioration sont possibles et actuellement expérimentées en France, par exemple :
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L’accès à un avis spécialisé ou une expertise rapide, via le développement de téléconsultations ou télé-expertises psychiatriques,
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La mise en place de créneaux horaires dédiés aux patient.e.s orienté.e.s par les médecins généralistes au sein des CMP (centres médico-psychologiques),
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La mise en place d’un dispositif d’équipe mobile de psychiatrie en soutien aux professionnels de santé de ville,
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Le recours à des infirmier.e.s de pratique avancée.
Reste un défi de taille : le pilotage de la politique de santé mentale, grâce à « une volonté politique forte ». L’auteure rappelle la proposition faite par le sénateur Denys Robillard en 2013 : « Diminuer le nombre de rapports et donner la priorité à la mise en œuvre des recommandations récurrentes. »
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