Une activité physique d’endurance pratiquée sur une longue durée peut augmenter l’athérosclérose coronaire

  • Sue Hughes
  • Actualités Médicales
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La pratique d’un sport d’endurance tout au long de la vie n’est pas associée à une composition plus favorable de la plaque coronaire, par rapport à un mode de vie sain. C’est ce que révèle l’étude Master@Heart menée en Belgique et publiée dans la revue European Heart Journal.

« Nous constatons systématiquement une charge de plaque plus élevée chez les athlètes pratiquant un sport d’endurance tout au long de leur vie. Et ce quel que soit le type de plaque, qu’elle soit calcifiée, mixte, non calcifiée, dans le segment proximal ou qu’elle provoque une sténose de plus de 50 % », a déclaré Ruben De Bosscher, de l’Université catholique de Louvain en Belgique, lors de la présentation des résultats de l’étude à l’occasion de la session scientifique du Collège américain de cardiologie (American College of Cardiology, ACC) et du Congrès mondial de cardiologie (World Congress of Cardiology, WCC), qui ont eu lieu le 6 mars 2023.

Dans cette étude de cohorte observationnelle, les chercheurs ont évalué l’athérosclérose coronaire chez 191 athlètes de haut niveau ayant pratiqué un sport d’endurance tout au long de leur vie, 191 athlètes ayant commencé tardivement (dont l’initiation aux sports d’endurance est intervenue après l’âge de 30 ans) et 176 non-athlètes en bonne santé qui ne pratiquaient pas plus de 3 heures d’activité physique par semaine. Tous les participants étaient de sexe masculin et présentaient un profil de risque cardiovasculaire faible. L’âge médian était de 55 ans dans les 3 groupes.

L’activité physique des athlètes ayant pratiqué un sport d’endurance tout au long de leur vie et de ceux ayant commencé tardivement était similaire : principalement du cyclisme et de la course à pied. Les athlètes pratiquant un sport d’endurance ont déclaré pratiquer en moyenne 10 à 11 heures d’activité physique par semaine, contre 1 heure par semaine pour les personnes témoins.

La charge globale de la plaque coronaire évaluée par le score de sténose segmentaire et le score d’atteinte segmentaire était plus élevée chez les athlètes ayant pratiqué un sport d’endurance tout au long de leur vie que chez les personnes témoins (différence entre les groupes : 0,86 et 0,65, respectivement).

Par rapport à un mode de vie sain non athlétique, la pratique d’un sport d’endurance tout au long de la vie a été associée à :

  • au moins 1 plaque coronaire (Odds ratio [OR] 1,86 [1,17–2,94]) ;
  • au moins 1 plaque proximale (OR 1,96 [1,24–3,11]) ;
  • au moins 1 plaque calcifiée (OR 1,58 [1,01–2,49]) ;
  • au moins 1 plaque proximale calcifiée (OR 2,07 [1,28–3,35]) ;
  • au moins 1 plaque non calcifiée (OR 1,95 [1,12–3,40]) ;
  • au moins 1 plaque proximale non calcifiée (OR 2,80 1,39–5,65) ;
  • au moins 1 plaque mixte (OR 1,78 [1,06–2,99]).

Par rapport aux athlètes ayant commencé tardivement, une sténose supérieure ou égale à 50 % dans un segment coronaire, quel qu’il soit (OR 2,79 [1,20–6,50]), et une sténose supérieure ou égale à 50 % dans un segment proximal (OR 5,92 [1,22–28,80]) étaient plus prévalentes chez les athlètes ayant pratiqué tout au long de leur vie.

« Les résultats ne confirment pas l’hypothèse selon laquelle les athlètes pratiquant un sport d’endurance très entraînés ont une composition de plaque plus bénigne qui expliquerait leur risque plus faible d’événements cardiovasculaires, par rapport aux non-athlètes », écrivent les auteurs de l’étude.

« Comme les études sur l’impact de l’activité physique dans la tranche supérieure font défaut, nos données soulèvent la question de savoir si les événements coronaires sont effectivement moins fréquents dans cette cohorte d’activité physique de haut niveau et, si tel est le cas, comment s’explique ce paradoxe », concluent les auteurs de l’étude. « Il est absolument nécessaire de mener davantage de recherches longitudinales sur l’activité physique d’endurance de haut niveau. »

Il s’agit d’une version adaptée d’un article originellement publié sur Medscape.com