À retenir
- Selon une méta-analyse récente, ayant rassemblé les données de 29 études interventionnelles et inclus 6.830 patients souffrant de trouble dépressif majeur, une prise en charge pharmacologique ou psychothérapeutique permet d’obtenir le même degré de réponse que l’adulte ait ou non subi un traumatisme au cours de l'enfance, même si la sévérité des symptômes était plus élevée avant ou à l’issue de la prise en charge.
- Il n’y avait pas de différence selon la nature du traumatisme ou celle du traitement. Certains de ces résultats contrastent avec les résultats de méta-analyses antérieures. Les auteurs suggèrent que cela pourrait être lié à des biais de publication et de sélection des patients.
Pourquoi est-ce important ?
La prévalence des traumatismes durant l’enfance est plus élevée parmi la population adulte souffrant de dépression que parmi le reste de la population. Cette association est aussi marquée par une récurrence plus fréquente des épisodes dépressifs ou de plus fréquentes comorbidités. Deux méta-analyses ont établi que les adultes pris en charge par psychothérapie ou pharmacothérapie pour des troubles dépressifs ont une moindre probabilité d’y répondre lorsqu’ils ont eu un épisode traumatisant au cours de leur enfance. Ces études étaient cependant associées à une forte hétérogénéité. De plus, elles n’avaient pas évalué si ces deux types de traitement offraient ou non une réponse supérieure à celle obtenue dans un bras contrôle (placebo, liste d'attente ou soins habituels). Enfin, elles n’avaient pas non plus examiné l'influence de la typologie du traumatisme sur le taux d'abandon de prise en charge ou les résultats du traitement.
Méthodologie
Ce travail a reposé sur la revue puis méta-analyse des études parues en anglais jusqu’en mars 2020 et consacrées à l’évaluation randomisée ou en ouvert de l'efficacité de la psychothérapie et/ou d’un traitement médicamenteux chez des patients adultes souffrant de troubles dépressifs et ayant vécu ou non un traumatisme au cours de l'enfance.
Principaux résultats
Au total, la méta-analyse a inclus 29 études (57 groupes comparatifs, n=6.830), qui portaient majoritairement sur les troubles dépressifs majeurs (17 études) puis la dépression chronique ou résistante au traitement (11 études), le risque de biais étant considéré comme faible pour huit de ces études. La nature du traumatisme (rapportée pour 62% des participants) était la négligence émotionnelle (58%), l'abus émotionnel (52%), les abus physiques (42%), la négligence physique (40%) et les abus sexuels (35%).
Les traitements étudiés étaient la psychothérapie (47%), un traitement médicamenteux (37%) , la combinaison des deux (2%) ou un groupe contrôle (14%).
La sévérité des troubles dépressifs était plus importante à l’inclusion ainsi qu’à l’issue de la prise en charge parmi les sujets ayant eu un traumatisme durant l’enfance, par rapport aux autres. Cependant, le traitement était efficace sur la sévérité de la dépression dans les deux cas. Le bénéfice de cette prise en charge était comparable entre les deux groupes, que le traitement administré soit une psychothérapie ou un traitement pharmacologique. Par ailleurs, le traitement actif était plus efficace que la prise en charge dans le bras contrôle parmi les seuls sujets ayant subi le traumatisme. Aucune différence significative n’a été identifiée selon le type de traumatisme subi, le diagnostic de dépression, l'outil d'évaluation du traumatisme infantile, la qualité, l’année, le type ou la durée de l'étude.
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