Un syndrome respiratoire émergent lié à la cigarette électronique
- Layden JE & al.
- N Engl J Med
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Une série de cas recensés par les autorités sanitaires de l’Illinois et du Wisconsin alerte sur l’existence de maladies respiratoires sévères liées à l’utilisation de la cigarette électronique.
- Ces patients avaient un syndrome similaire associant des symptômes respiratoires sévères, mais aussi gastro-intestinaux et généraux, et évoluant favorablement sous glucocorticoïdes systémiques.
- La cause de ce syndrome reste à ce jour inconnue, mais les auteurs incitent à penser que cette maladie respiratoire est liée au vapotage chez les patients dont l’usage de la e-cigarette est récent.
Même s’il est entendu que les aérosols de la cigarette électronique contiennent moins de produits toxiques que la fumée du tabac, certaines substances présentes dans les produits de vapotage (métaux lourds, composés organiques volatiles, particules ultra-fines, etc.) ou l’introduction de substances illicites comme le THC ne sont pas sans risques. Suite au signalement de plusieurs cas groupés de maladies pulmonaires possiblement en lien avec l’usage de la e-cigarette en juillet 2019, le département des services de santé du Wisconsin et le département de santé publique de l’Illinois ont lancé des investigations de santé publique. Fin août, 53 cas avaient été répertoriés dans ces deux États, venant s’ajouter à ceux déjà enregistrés par le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) dans différents États.
Un nouveau syndrome associant des symptômes respiratoires, gastro-intestinaux et généraux
Ces 53 cas avaient en commun l’utilisation de la cigarette électronique et fréquemment l’introduction de THC ou d’huile de cannabis dans leurs produits de vapotage (dabbing), dans les jours ou semaines précédant la survenue des symptômes. Il s’agissait majoritairement d’hommes (83%) jeunes (32% avaient moins de 18 ans). Ces patients avaient tous des infiltrats pulmonaires bilatéraux à l’imagerie thoracique en l’absence de toute infection pulmonaire (cas confirmés), ou avec infection mais ne suffisant pas à justifier la maladie respiratoire selon l’équipe médicale (cas probables). Et d’autres pathologies (cardiaque, rhumatologique ou cancéreuse) susceptibles d’expliquer les symptômes étaient exclues. La plupart d’entre eux présentaient une association de symptômes respiratoires (98% - essoufflement, toux, douleur thoracique), gastro-intestinaux (81% - nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales), ou généraux (100% - fièvre, perte de poids, fatigue …) ayant amené à une hospitalisation pour 94% d’entre eux.
Une pathologie respiratoire sévère et sensible aux corticoïdes
Une insuffisance respiratoire était présente chez 62% des patients hospitalisés, et 34% ont dû être intubés. La plupart ont vu leur état s’améliorer après administration de glucocorticoïdes par voie systémique. Un décès a cependant été enregistré. Il y avait une grande diversité des produits utilisés dans les cigarettes électroniques : notamment du THC dans 80% des cas, de la nicotine (61%), et du cannabidiol (7%). Les données de surveillance de l’Illinois concernant ce syndrome montrent que le taux de visite aux urgences pour maladie respiratoire sévère a doublé entre juin et août 2019, par rapport aux visites observées au cours de la même période en 2018. La cause de ces cas groupés liés au vapotage reste à ce jour inconnue, mais la sévérité des symptômes et l’augmentation soudaine de leur nombre inquiètent les autorités.
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