Un sommeil bref à 50, 60 et 70 ans est associé à un plus fort risque de multimorbidité
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
À retenir
Des durées de sommeil courtes ou longues sont associées non seulement avec l’apparition d’une maladie chronique considérée isolément, mais aussi avec la survenue de plusieurs maladies chroniques.
Pourquoi est-ce intéressant
Des durées brèves ou longues de sommeil sont associées à plusieurs maladies chroniques, notamment cardiovasculaires et cancéreuses. Mais leur association avec la multimorbidité a été peu étudiée. C’est pourquoi une équipe française de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de l’Université Paris Cité, en collaboration avec l’University College London (Angleterre) s’est intéressée aux données de la cohorte prospective Whitehall II, recueillies de 1985 à mars 2019, et ayant recruté plus de 10.000 fonctionnaires du British civil service.
Méthodologie
Les informations sur le sommeil (par autoévaluation) ont été enregistrées pour chaque participant à 50, 60 et 70 ans. La multimorbidité était définie comme le fait d’avoir au moins deux maladies chroniques.
Résultats
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Le nombre de participants sans multimorbidité à 50 ans s’est élevé à 7.864 (32,5% de femmes). Parmi eux 6,9% dormaient moins de 5 heures par nuit, 32,6% six heures, 45,6% sept heures, 13,9% huit heures et 1% neuf heures ou plus.
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Morbimortalité
En comparaison de ceux qui dormaient 7 heures par nuit, les participants qui ne dormaient que 5 heures ou moins avaient un risque plus élevé d’apparition d’une morbimortalité à 50 ans (RR 0,95 [12-1.50] p < 0.001), 60 ans (RR 1.32 [1.13-1.55] p < 0.001) et 70 ans (RR 1.40 [1.16-1.68] p < 0.001).
Il en allait de même pour les participants qui dormaient 9 heures ou plus à 60 ans (RR 1.54 [1.15-2.06] p = 0.003) et 70 ans (RR 1.51 [1.10-1.51] p = 0,01), mais pas à 50 ans (RR 1,39 [0,98-1,96] p = 0,07). Il est vraisemblable que l’augmentation du risque de morbimortalité avec l’avancée en âge chez les gros dormeurs soit la conséquence des pathologies chroniques et non liée à la durée du sommeil.
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Survenue d’une maladie chronique.
Sur 7.217 participants sans pathologie chronique à 50 ans (suivis en moyenne pendant 25,2 ans), en comparaison de ceux qui dormaient 7 heures par nuit:
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Ceux qui dormaient 5 heures ou moins avaient un risque plus élevé de développer une première maladie chronique (RR 1,20 [1,06-1,35] p = 0,003);
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Ceux qui en avaient développé une avaient un risque plus élevé de développer une multimorbidité (RR 1,21 [1,03-1,42] p = 0,02);
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Ces risques n’étaient pas retrouvés chez ceux qui dormaient neuf heures ou plus.
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Aucune association n’a été trouvée entre durée de sommeil et mortalité parmi ceux ayant une maladie chronique à l’inclusion.
Limitations
Les données sur le sommeil ont été recueillies par auto-évaluation.
Il existe une possibilité de causalité inverse si une maladie chronique n’a pas été diagnostiquée correctement au moment des mesures de sommeil.
La population était majoritairement caucasienne, limitant la généralisation des résultats.
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