Un Service médical citoyen contre les « déserts médicaux »

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Selon un rapport du Sénat du 29 mars 2022 cité par l’Académie de médecine, la pénurie de médecins devrait s’accentuer jusqu’en 2024 et une densité médicale correcte ne se rétablir qu’en 2033. Cette pénurie porte sur la quasi-totalité du territoire français et, toujours selon le Sénat, a des répercussions importantes : 30% de la population française vit dans une zone médicalement sous-dense, 1,6 million de Français renoncent chaque année à des soins médicaux et 11% des Français de plus de 17 ans n’ont pas de médecin traitant. Le Gouvernement a imposé récemment que les internes en médecine générale fassent une quatrième année d’internat dans les zones sous-médicalisées, ce qui a déclenché « une farouche opposition » des concernés.

Que faire ? L’Académie de médecine émet trois recommandations, après avoir noté que « de nombreuses mesures ont été proposées depuis des années », sans pour autant régler le problème. Les plus médiatisées sont l’obligation d’installation en zone sous-dotée (mesure très conflictuelle) et les incitations financières (dont il est prouvé depuis longtemps qu’elles sont inefficaces).

Un Service médical citoyen salarié

Tout en souhaitant que « la liberté d’installation et le choix éclairé du parcours professionnel des jeunes médecins soient respectés », l’Académie de médecine fait une première proposition assez proche de la mesure gouvernementale : « l’instauration d’un Service médical citoyen d’un an pour les médecins nouvellement diplômés dans le cadre limité d’un engagement contractuel. » Elle reprend la justification gouvernementale « d’éclairer le choix de carrière des jeunes médecins par une expérience de terrain. »

Cependant, elle précise les conditions pratiques pour réaliser cette initiative. Ce Service serait salarié, selon la grille indiciaire des praticiens hospitaliers. Les collectivités locales bénéficiaires devraient fournir l’infrastructure professionnelle (locaux, frais de fonctionnement, de déplacements, etc) et une « aide logistique » au médecin et à sa famille (logement, inscription prioritaire des enfants en crèche et à l’école, éventuellement aide à l’emploi du conjoint …). Seraient principalement concernés le secteur ambulatoire, mais aussi les établissements de santé publics ou privés. Enfin, le Service serait organisé conjointement « par l’ARS (Agence régionale de santé), la ou les facultés de médecine, les médecins et les élus, en fonction des besoins locaux. »

Les retraités aussi

Les retraités aussi pourraient être mis à contribution en mettant en place des mesures favorisant le cumul emploi-retraite. Une seule est précisée : leurs cotisations généreraient des droits supplémentaires. Cependant, la loi de finances pour la sécurité sociale 2023 les exonère de ces droits. Ce qui implique un manque à gagner pour la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF), obligée de le répercuter à la baisse sur les prestations versées aux retraités.

Enfin, l'Académie insiste sur « la sensibilisation de la population au bon usage de la médecine » : respect des rendez-vous pris auprès des soignants, « reconnaissance du service rendu par le système de santé français eu égard à sa complexité, son coût et ses difficultés d’exercice. »

Le communiqué de l’Académie n’a pas fait l’unanimité parmi ses membres : il a été adopté par 52 voix pour, 13 contre et 10 abstentions.