Un SCA ou un AVC ischémique pourrait cacher un cancer
- Navi BB & al.
- Blood
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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Les données recueillies auprès de 374.331 patients américains ayant présenté un cancer entre 2005 et 2013 montrent que le risque d’évènement thromboembolique artériel (SCA, AVC ischémique) était accru de 70% au cours de l’année précédant le diagnostic de cancer par rapport à des personnes appariées de même profil mais n’ayant pas de cancer.
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Ce risque augmenterait à mesure que le diagnostic se rapproche. Il serait d’autant plus important que le stade du cancer au diagnostic est avancé et que l’évènement est un SCA (vs AVC). Les cancers pulmonaires et colorectaux seraient les plus à risque.
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Malgré les limites relatives à sa nature rétrospective, cette étude soutient l’idée que le cancer aurait un effet intrinsèque sur la coagulation. De nouvelles études sont désormais nécessaires pour confirmer ces conclusions : données prospectives, étude sur une stratégie de dépistage des sujets ayant présenté un évènement thromboembolique artériel… Il serait a minima pertinent d’investiguer les patients post-SCA ou post-AVC ayant des facteurs de risque de cancer et/ou de s’assurer qu’ils ont suivi les recommandations de dépistage existantes.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
On sait que le risque d’évènement thromboembolique veineux est accru avant le diagnostic d’un cancer. On sait aussi que celui lié aux évènements de type artériel l’est également après le diagnostic mais il n’est pas certain que ce phénomène soit lié au cancer ou à l’influence des traitements ou de la prise en charge anticancéreuse. Enfin, l’exploration des évènements thromboemboliques artériels avant le diagnostic a été peu réalisée et pourrait apporter des informations concernant le rôle de facteurs intrinsèques propres au cancer dans le processus thrombogène.
Méthodologie
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Cette étude rétrospective a été menée à partir de la base de données américaine SEER qui regroupe environ 28% des patients américains diagnostiqués pour un cancer ainsi qu’un échantillon représentatif des bénéficiaires Medicare sans diagnostic de cancer.
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Tous les patients de 67 ans ou plus ayant été diagnostiqués pour l’un des 9 cancers analysés (7 choisis pour leur fréquence : sein, colorectal, poumon, prostate, vessie, lymphome non hodgkinien, utérus ; 2 connus pour leur association avec le phénomène thromboembolique : pancréas, estomac). Les évènements thromboemboliques artériels (SCA, AVC ischémique) ont été recensés durant les 360 jours ayant précédé le diagnostic. Chaque cas a été apparié à une personne sans cancer, sur l’âge, le sexe, l’origine, la région, le score de Charlson, l’existence d’une HTA et d’une FA.
Résultats
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Au total, l’analyse a été menée auprès de 374.331 paires de patients (âge moyen 76 ans, 52% de femmes). Les principaux diagnostics étaient le cancer de la prostate (n = 82.099), du sein (n = 74.638), du poumon (n = 74.633) puis colorectal (n = 56.366), qui représentaient 77% de l’ensemble des diagnostics. Au total, 30% d’entre eux étaient posés au stade 3 ou 4.
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Durant les 360 jours précédant le diagnostic, un événement thromboembolique artériel a été diagnostiqué chez 1,75% des patients cancéreux contre 1,05% chez les sujets appariés, soit un odds ratio de 1,69 ([1,63-1,76], p <0,001). L’analyse menée par périodes de 30 jours a montré que le risque devenait significatif à partir de 150 jours avant le diagnostic et augmentait progressivement ensuite ; ainsi, dans les 30 jours précédant le diagnostic de cancer, le risque était de 0,62% vs 0,11%, soit un odds ratio de 5,63 ([5,07-6,25], p <0,001). Le siège du cancer était le plus souvent le poumon (29%) puis le colon-rectum (24%).
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L’exclusion des événements survenus au cours des 15 jours précédant le diagnostic ne modifiait pas la significativité de l’OR (OR, 1,31 [1,25-1,37], p <0,001). Les données restaient également comparables lorsque les patients présentant une FA étaient exclus.
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Les risques relatifs d’IDM et d'AVC ischémique pris isolément restaient significatifs, avec un risque absolu d’IDM légèrement supérieur. Sur toute la période analysée, ces risques étaient respectivement associés à des OR de 1,80 ([1,71-1,90], p <0,001) et 1,59 ([1,50 à 1,69], p <0,001). Enfin, sur cette même période, le risque d’évènement était respectivement compris entre 1,32 [1,22-1,43] pour les cancers de stade 1 et 2,17 [1,99-1,37] pour les cancers de stade 4.
Principales limitations
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L’étude était rétrospective et ne permettait pas de disposer de certaines informations : sévérité de l’évènement, hygiène de vie associée, traitements antithrombotiques. Ses conclusions ne peuvent être élargies aux moins de 67 ans.
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L’analyse n’a pu logiquement être menée qu’auprès de ceux ayant survécu à l’évènement thromboembolique.
Financement
L’étude a reçu un financement du NIH.
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