Un risque d’intoxication médicamenteuse multiplié par 5 chez les épileptiques

  • Gorton HC et al.
  • JAMA Neurol.

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Selon une étude de cohorte en population sur plus de 50.000 sujets épileptiques comparés à 1 million de sujets non épileptiques appariés, le risque de décès prématuré est presque 3 fois plus important chez les premiers. Le risque de décès par intoxication médicamenteuse est particulièrement augmenté : multiplié 5 pour les morts accidentelles et par 3,5 fois pour les décès par intoxication volontaire. Les médicaments les plus souvent incriminés sont les opioïdes et les psychotropes, avant les antiépileptiques.

Au vu de ces résultats, les praticiens sont donc invités à avertir leurs patients et à porter une attention particulière au risque iatrogène lors des prescriptions. Par ailleurs, les comorbidités psychiatriques étant plus fréquentes dans cette population, elles doivent être recherchées de façon à mieux repérer et prévenir le risque suicidaire.

Pourquoi est-ce important ?

Les sujets épileptiques ont un risque 2 à 3 fois plus important de mourir prématurément par rapport à la population générale. Les études observationnelles n’ont jusqu’ici apporté que des résultats partiels quant au risque de suicide et d’intoxication médicamenteuse accidentelle.  Une équipe britannique s’est donc attelée à déterminer les causes et les circonstances des décès prématurés. Elle s’est également intéressée aux médicaments impliqués dans les décès par intoxication médicamenteuse.

Résultats

  • 44.678 sujets épileptiques de la cohorte CPRD et 14.051 à partir de la cohorte SAIL ont été appariés à 891.429 et 279.365 sujets non épileptiques dans chacune de ces cohortes respectivement (sujets contrôles). L’âge médian était de 40 ans dans la cohorte CPRD et de 43 ans dans la cohorte SAIL. 51% des sujets étaient des hommes dans les deux cohortes. Et la durée de suivi médiane variait de 4 à 7,7 ans selon les cohortes.
  • Globalement, le risque de décès prématuré toutes causes observé chez les sujets épileptiques a été très supérieur à celui observé chez les sujets contrôles (HR 2,77 [IC95% 2,43-3,16]), avec un hazard ratio de (HR 2,97 [2,54-3,48]) pour les décès accidentels et de 2,15 [1,51-3,07] pour les suicides.
  • Parmi ces décès prématurés, 22,8% était d’origine iatrogène chez les sujets épileptiques contre  11,2% chez les sujets contrôles.
  • Le surrisque le plus important concernaient les intoxications médicamenteuses accidentelles (HR 4,99 [3,22-7,74]) et volontaires (HR 3,55 [1,01-12,53]).
  • Les médicaments les plus fréquemment incriminés étaient les opioïdes (56,5% chez les épileptiques et 47,3% chez les sujets contrôles) et les psychotropes (32,3% et 36,7% respectivement), alors que les antiépileptiques étaient moins souvent impliqués (9,7% et 2,5%).

Méthodologie

Cette étude de cohorte en population a été réalisée à partir de deux registres électroniques de soins primaires au Royaume Uni (Clinical Practice Research Datalink, CPRD) et au Pays de Galles (Secure Anonymised Information Linkage, SAIL) jugés représentatifs de la population britannique. Les sujets épileptiques ont été identifiés et appariés selon différents facteurs confondants (âge, sexe, etc.) avec des sujets non épileptiques, et leurs traitements antiépileptiques ont été relevés.

Les causes de décès ont été déterminées à partir de l’International Statistical Classification of Diseases and Related Health Problems (ICD-10).

Limitations

La méthode de collecte de données concernant les suicides a pu être imprécise et introduire des biais.