Un risque de démence très élevé chez les sujets trisomiques

  • Hithersay R & al.
  • JAMA Neurol

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

Chez les sujets atteints de syndrome de Down (SD, ou trisomie 21), la démence est considérée comme étant la cause immédiate du décès dans 70% des cas. Et le taux brut de mortalité est multiplié par 5 chez les patients déments par rapport à ceux qui ne le sont pas, rejoignant celui des sujets non SD atteints de maladie d’Alzheimer. Parmi les patients SD déments, le risque de décès est multiplié par 7 chez les porteurs de l’allèle ApoE-ε4, suggérant une sensibilité particulière à ce génotype. Alors que chez les sujets décédés sans diagnostic de démence, la survenue tardive d’une épilepsie était le seul facteur associé à la mortalité (risque multiplié par 10). La présence d’au moins un allèle ApoE-ε4, d’une épilepsie de survenue précoce, de comorbidités multiples, ou le fait de vivre au sein de la famille, étaient associés à un diagnostic de démence plus précoce. Ces résultats incitent à rechercher ces facteurs de risque de façon à mieux informer et à retarder la survenue de démence chez les sujets SD.

Pourquoi cette revue a-t-elle été réalisée ?

L’espérance de vie des sujets atteints de syndrome de Down a été améliorée de façon très significative au cours des 50 dernières années et ceci a fait apparaître un risque de développer une démence (maladie d’Alzheimer essentiellement) fortement augmenté chez les plus âgés puisque 88% d’entre eux peuvent présenter une démence à 65 ans. Les patients SD ont ainsi un risque 20 fois plus élevé qu’une démence contribue à leur décès que ceux qui n’en sont pas atteints. Cependant, les facteurs contributifs du risque de décès et de démence restent encore mal définis dans cette population. Des chercheurs de l’Institute of Psychiatry, Psychology and Neuroscience du King’s Collège de Londres ont donc entrepris de les explorer.

Conception de l’étude

Les données de sujets adultes atteints de SD ont été recueillies à partir d’une large étude prospective ayant exploré la cognition et la santé des sujets atteints de SD. Pour être inclus, les sujets devaient être âgés de 36 ans ou plus à l’inclusion et disposer de 2 mesures de données cognitives collectées à des temps différents durant la période de suivi (28,7 mois en moyenne). L’impact de la démence sur le taux brut de mortalité (critère principal), ainsi que l’effet d’autres facteurs sur le risque de décès ou sur l’âge de survenue de la démence (critères secondaires) ont été évalués.

Un lien évident entre démence et mortalité

211 sujets atteints de SD, représentant un suivi de 503,92 personnes-années, ont été inclus dans l’étude. Parmi eux, 45,5% étaient des femmes et 31,3% ont reçu un diagnostic de démence.

27 participants sont décédés durant la période de suivi et 70% d’entre eux ont eu un diagnostic de démence. L’âge médian lors du décès était de 57 ans chez les sujets non déments et de 55 ans chez les sujets déments.

Le taux brut de mortalité était de 1191,85 décès pour 10.000 personnes-années chez les sujets avec démence [IC95% : 1168,49-1215,21], soit 5 fois plus élevé que chez les sujets sans démence 232,22 décès pour 10.000 personnes-années [227,67-236,77].

Chez les sujets déments, la présence d’au moins un allèle ApoE-ε4 a été associée à un risque de décès multiplié par 7 par rapport aux sujets porteurs de 2 allèles ApoE-ε3.

Chez les sujets non déments, seule la survenue tardive d’une épilepsie (après 36 ans) a pu être associée à la mortalité, avec une multiplication du risque de décès par près de 10 (HR 9,66 [1,59-58,56], p=0,01).

Les facteurs associés à la survenue d’une démence

D’autres facteurs ont pu être associés à une augmentation du risque de démence comme le port d’au moins un allèle ApoE-ε4 (HR 4,92 [2,53-9,56], p<0,001), la présence d’une épilepsie de survenue précoce (x4), de 2 comorbidités ou plus (x2). Ce risque était également augmenté chez les sujets vivant au sein de leur famille (x2, vs en dehors) et le diagnostic était posé plus précocement.

Limitations

Échantillon de taille limitée.