Un risque cardiovasculaire accru au décours d’une crise de goutte
- Cipolletta E & al.
- JAMA
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Selon une large étude britannique, il existe une association entre une poussée de goutte et la survenue d’un événement cardiovasculaire (infarctus aigu du myocarde ou accident vasculaire cérébral) dans les 6 mois et, a fortiori dans les 2 mois suivant la crise, y compris chez ceux traités par colchicine ou d'autres traitements reconnus dans la prise en charge de la goutte.
Cette association n’est pas preuve de causalité, mais la robustesse de ces résultats invite à la prudence : les patients doivent être informés du sur-risque et connaître les signes cliniques évoquant un évènement cardiovasculaire (CV) aigu. Les cliniciens, eux, pourraient réévaluer le traitement de leur patient, et insister sur l'importance des mesures liées au mode de vie et au contrôle des autres facteurs de risque CV.
Pourquoi est-ce important ?
Si le risque CV associé aux crises de goutte est clairement établi, la temporalité liant les deux évènements était moins claire jusqu’à cette étude.
Méthodologie
Cette analyse a été menée à partir des dossiers médicaux électroniques issus de l’étude UK Clinical Practice Research Datalink (CPRD) menée entre 1997 et 2020.
Les patients ayant un diagnostic de goutte ont été appariés en fonction de l'âge, du sexe et du temps écoulé depuis le diagnostic de goutte selon l’existence ou non d’un un événement CV afin d’évaluer l'association entre une crise récente de goutte et l’événement CV. L’ajustement des rapports de risque a été réalisé sur la base de plusieurs facteurs de confusion potentiels dont l'indice de masse corporelle, le tabagisme, la consommation d'alcool ou le statut socio-économique. Dans un second temps, les patients étaient leur propre contrôle, le taux d’évènements étant comparé en fonction de la temporalité d’une crise de goutte.
Principaux résultats
L'étude cas-témoins emboîtée a comparé 10.475 patients ayant eu un diagnostic de goutte et ayant développé un événement cardiovasculaire, appariés à 52.099 autres sujets n’ayant pas eu un tel événement CV après le diagnostic de la goutte. Sachant que 44,9% de l’ensemble de cette cohorte a consulté ou a été hospitalisé pour une poussée.
Ceux qui ont eu un événement CV avaient un risque significativement plus élevé d’avoir eu une crise de goutte dans les 60 jours précédents (2,0% vs 1,4%, soit un OR ajusté de 1,93 [1,57-2,38]) ou dans les 61 à 120 jours précédents (1,6% vs 1,2%, OR ajusté 1,57 [1,26-1,96]).
Parallèlement 1.421 patients ayant eu une crise de goutte et un événement CV ont pu être inclus dans l'analyse utilisant ces patients comme leur propre contrôle. Ici, les crises étaient associées à un taux d'événements CV de 2,49 [2,16-2,82] de 2,16 [1,85-2,47] et de 1,70 [1,42-1,98] pour 1.000 jours-personnes sur les 0 à 60 jours, 61-120 jours ou 121-180 jours suivant la crise de goutte. Les analyses de sensibilité ont confirmé ces résultats. Cette association a aussi été observée chez les patients traités par des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des glucocorticoïdes et la colchicine.
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