Un registre francilien aide à mieux comprendre l’étiologie de la mort subite chez l’adulte

  • Anys S & al.
  • Ann Cardiol Angeiol (Paris)

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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Des professionnels français des soins intensifs ont fait le point sur la mort subite de l’adulte dans un article publié par les Annales de Cardiologie et d’Angéiologie. Les données exploitées proviennent d’un registre francilien mis en place depuis le 15 mai 2011 par le Centre d’expertise sur la mort subite de Paris. Au total, les données de 9 années d’admissions hospitalières pour arrêt cardiaque extra-hospitalier de  4 départements (Paris, Haut-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) ont été analysées.

Ces données mettent en évidence que :

  • Entre 2011 et 2019, 33.204 arrêts cardiaques extra-hospitaliers ont été pris en charge par 48 hôpitaux franciliens, dont 28.171 récupérées ou non compatibles avec un tableau de mort subite certaine (symptômes en présence d’un témoin) ou probable (survenant dans les 24h après avoir été vu vivant pour la dernière fois par un témoin) et 6.356 admis vivants en réanimation. 
  • On parle de mort subite cardiaque s’il n’existe pas de cause circonstancielle évidente.
  • La mort subite concernerait 40.000 personnes par an en France, soit 10% de la mortalité globale et 50% des décès d’origine cardiovasculaire.
  • Moins de 10% des patients ressortent vivants de l’hôpital après un arrêt cardiaque extrahospitalier.
  • Chez l’adulte de plus de 18 ans, les causes ischémiques sont les principales causes de mort subite cardiaque (74%) au cours d’un syndrome coronarien aigu dans les ¾ des cas, ou consécutif à une nécrose plus ancienne pour un quart des cas. La deuxième cause (16%) regroupe les causes structurelles non ischémiques, et en troisième position sont retrouvées les causes électriques (10%).
  • Chez les 18-45 ans, les causes ischémiques sont moins fréquentes (50%), les causes structurelles non ischémiques plus prégnantes (31%) et les causes électriques retrouvées dans 19% des cas. 
  • L’étiologie de la mort subite de l’adulte varie en fonction de l’âge, mais également du sexe. Chez la femme, les maladies coronaires sont moins fréquemment retrouvées (50%) et les pathologies cardiaques non ischémiques plus fréquentes.
  • Un bilan exhaustif doit être réalisé par un centre expert afin d’identifier l’étiologie de l’arrêt cardiaque récupéré ou de la mort subite. Si aucune étiologie n’est retrouvée, des explorations complémentaires doivent être proposées ainsi que des tests pharmacologiques. Des analyses génétiques ciblées peuvent être envisagées si une maladie cardiaque héréditaire est suspectée.
  • La découverte de l’étiologie peut conduire à la mise en place d’une prise en charge spécifique. Exemple, le haut risque de récidive après un spasme coronaire préconise la mise en place d’un défibrillateur automatique implantable (DAI) chez ces patients. Or, en région parisienne 75% des patients sortant de l’hôpital après mort subite récupérée résultant d’un spasme coronaire n’ont pas de DAI.
  • L’absence de recherche étiologique peut priver les apparentés d’un dépistage et d’éventuelles mesures thérapeutiques préventives. Or, en France, moins de 5% d’autopsies sont réalisés, et ce même chez les sujets jeunes. Ainsi, les données du registre francilien indiquent que sur les sujets de moins de 45 ans admis vivants en réanimation après un arrêt cardiaque récupéré, et décédant en service de réanimation, seuls 10% seront autopsiés, 1% auront des prélèvements à visée génétique, et les apparentés ne sont informés d’une stratégie de dépistage familial que dans 3% des cas.
  • Bien que des doutes puissent persister, un bilan étiologique exhaustif et standardisé devrait être systématiquement réalisé. Celui-ci sera orienté par le contexte de survenue, les caractéristiques et antécédents du patient. Le profil des victimes de mort subite pourrait dans un avenir proche être mieux précisé grâce à l’intelligence artificielle.