Un outil pour prédire la sévérité de la pancréatite aiguë chez les patients atteints de sarcopénie

  • Résumé d’article
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À retenir

  • La sarcopénie semble être associée à la survenue de pancréatite aiguë sévère.
  • Selon une étude pilote menée à l’hôpital universitaire de Caen, son évaluation combinée à d’autres paramètres cliniques et biologiques classiques pourrait permettre de prédire le risque de développer une forme sévère de cette maladie.
  • Les auteurs incitent à enregistrer de manière prospective les données anthropométriques et d’évaluation de la sarcopénie dans les futures études cherchant à développer de nouveaux outils pronostiques dans la pancréatite aiguë.

Pourquoi est-ce important ?

S’il est admis que l’obésité est un facteur de risque de pancréatite aiguë sévère, il existe peu de données sur l’influence de la sarcopénie. D’où l’intérêt de mieux comprendre l’éventuelle association entre sarcopénie et développement d’une pancréatite aiguë sévère et d’évaluer la performance d’un outil pronostic de la sévérité de la pancréatite aiguë. 

Méthodologie

Cette étude rétrospective mono-centrique a été menée à l’Hôpital Universitaire de Caen entre 2014 et 2017. Elle a évalué l’impact de la sarcopénie et de l’obésité sarcopénique sur l’incidence de la pancréatite sévère ainsi que le caractère prédictif des formes sévères de différents indices anthropométriques. La sarcopénie était évaluée par l’aire du muscle psoas par scanner abdominal. Le ratio aire du psoas/indice de masse corporelle (IMC) reflétait l’obésité sarcopénique. Lorsque l’aire du psoas est rapportée à la surface corporelle, on obtient l’Indice Sarcopancréatique. La pancréatite aiguë sévère est définie par la présence d’une infection de coulées de nécrose ou d’une défaillance organique persistante.

Principaux résultats

Au global 467 patients (66% d’hommes, âge moyen 57 ans) ayant une sarcopénie durant la période de l’étude ont été inclus. Parmi eux, 23% étaient obèses. Les principales causes de pancréatite étaient une atteinte biliaire (41%) et une consommation excessive d’alcool (32%). Sur l’ensemble des sujets, 14% ont développé une forme sévère de pancréatite aiguë. Ces derniers étaient plus âgés que les autres (64 ans versus 56 ans, p=0,001). Que ce soit chez les hommes ou les femmes, l’IMC moyen et l’aire moyenne du muscle psoas n’étaient pas significativement différents entre les patients ayant eu une forme sévère ou non de pancréatite. En revanche, il y avait plus de formes sévères chez les chez sujets obèses ainsi que chez les hommes (33% vs 21% et 31% vs 17%).

En analyse multivariée, l’indice Sarcopancréatique était indépendamment associé à l’occurrence d’une pancréatite sévère (1,455 [1,028-2,061], p=0,035). 

Il en était de même pour l’Échelle Visuelle Analogique réalisée à l’hospitalisation (OR 1,236, p=0,0018), la créatinine (OR 1,022, p<0,0001) et l’albumine (OR 0,899, p=0,0002).

L’indice Sarcopancréatique pouvait prédire un épisode de pancréatite aiguë sévère (seuil 2,1827). Le taux de complications de la pancréatite (taux de transfert en réanimation, taux d’infection de coulées de nécrose, taux de mortalité) n’était pas différent chez les patients qui avaient un indice Sarcopancréatique élevé ou faible. 

En intégrant ce score Sarcopancréatique à d’autres paramètres clinico-biologiques classiques, les chercheurs ont développé un indice spécifique nommé Sarcopenia Severity Index. Celui-ci permettait de prédire la pancréatite aiguë avec une performance intéressante.