Un ministre de la santé face à l’urgence des réformes
- Serge Cannasse
- Editorial
Le rapport de la mission « flash » sur les urgences, pilotée par François Braun, donne un premier aperçu de la politique que le nouveau ministre de la santé compte mener, non pas tant par les mesures annoncées, qui n’ont pas manqué d’être débattues, que par la déclaration de méthode qu’il contient. Deux principes s’en dégagent : passer d’une logique de l’offre à une logique des besoins, partir des propositions des professionnels de santé. Dit autrement : évaluer et faire confiance. Ces deux principes reflètent la profonde évolution en cours dans notre système de santé, depuis quelques années déjà, mais mûrie notamment par l’épidémie de COVID-19. En témoignent, par exemple, le formidable essor des maisons de santé pluridisciplinaires et des communautés professionnelles territoriales de santé.
François Braun a plusieurs atouts pour réussir son mandat : il connait bien l’hôpital, son métier (urgentiste) est à l’intersection entre celui-ci et le secteur libéral, il bénéficie de la confiance du gouvernement, dont il est proche. Côté professions de santé, il peut compter sur le changement générationnel, qui fait qu’à une attitude largement défensive et oppositionnelle, succèdent progressivement une volonté de propositions et la mise en œuvre d’initiatives consensuelles, parce que partagées, réfléchies et collées aux besoins du terrain.
En revanche il n’est pas certain qu’il soit familier de toute la partie du système qui se situe en dehors des établissements de soins et qui est cruciale pour l’évolution de ce système. Il va se heurter à des professionnels de santé, mais aussi des représentants de collectivités locales, profondément désabusés sur la capacité de l’État à mener des réformes constructives, que ce sentiment soit justifié ou non. Au Parlement, sa tâche sera de convaincre des gens dont tous ne seront pas forcément prêts au moindre compromis constructif. N’appartenant pas au sérail politique, il va devoir apprendre ses mœurs et l’esquive des chausse-trappes.
Enfin il lui faudra se situer dans une problématique économique cruciale, dont l’avenir est loin d’être de son seul ressort : la santé doit-elle être considérée comme un coût, que tout bon gestionnaire tend à diminuer, ou comme un investissement, que tout bon planificateur tend à favoriser dans les limites du possible ? La première approche a été privilégiée depuis au moins trente ans, avec des conséquences aujourd’hui manifestes pour tout le monde, notamment en termes de pénurie de personnels. La seconde implique une projection dans l’avenir, donc la fixation d’un cap et de priorités, notamment en termes de prévention. Jusqu’à présent, les propositions d’un bout à l’autre de l’échiquier politique n’ont guère tracé de perspectives en ce sens. Espérons que la grande concertation promise par le Président de la République y contribuera rapidement, car il y a urgence.
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