Un mécanisme inédit d’antibiorésistance découvert par les chercheurs de l’Institut Pasteur
- Institut Pasteur
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- Agnès Lara
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À retenir
- Un mécanisme de résistance bactérienne aux antibiotiques vient d’être découvert au sein de la bactérie Listeria monocytogenes.
- Ce mécanisme résulte de l’induction du gène HflXr dont l’expression est activée en présence d’antibiotiques.
- Il repose sur la dissociation des ribosomes bloqués par l’antibiotique et permet à la synthèse protéique de se poursuivre sur les ribosomes dissociés.
- Il est présent chez un grand nombre de bactéries présentes dans l’environnement.
Pour survivre à la compétition féroce qui existe avec les nombreux micro-organismes de l’environnement, les bactéries produisent des substances visant à éliminer leurs concurrents. Elles développent également une grande variété de mécanismes leur permettant de résister aux antibiotiques présents dans leur milieu. Ces mécanismes, bien que multiples, commencent à être mieux connus, mais des scientifiques sont encore loin d’avoir fait le tour de l’ingéniosité bactérienne a expliqué Mélodie Duval, chercheur post-doctorante au sein de l’unité des interactions bactéries-cellules de l’Institut Pasteur.
Découverte du gène HflX
Les chercheurs ont évalué le niveau d’expression des gènes de Listeria monocytogenes en présence ou en l’absence d’antibiotiques. Alors que la traduction des ARN messagers est habituellement bloquée en présence d’antibiotiques, elle a pu dans ce cas se dérouler de façon complète, signant l’induction de gènes de résistance. Le gène HflXr a particulièrement retenu l’attention des chercheurs car il présentait de fortes analogies avec un gène connu pour favoriser la résistance d’une autre bactérie, E. coli, aux chocs thermiques en dissociant ses ribosomes bloqués. Or, ce blocage des ribosomes intervient également en présence d’antibiotiques. De là à entrevoir un mécanisme d’action commun, il n’y avait qu’un pas.
Un mécanisme de dissociation des ribosomes jusqu’ici totalement inconnu
L’intuition était bonne puisque les chercheurs ont découvert que l’expression de HflXr est stimulée en présence d’antibiotiques et qu’il permet de dissocier les ribosomes bloqués. La synthèse protéique peut alors se réamorcer et se dérouler jusqu’à son terme sur les ribosomes dissociés. Ce mécanisme de résistance est inédit et potentiellement présent chez un grand nombre de bactéries appartenant à la division des Firmicutes, puisque le gène y est présent. Par ailleurs, des équipes croates et canadiennes ont retrouvé la présence de ce gène dans des échantillons de sols prélevés aux alentours d’une usine de production d’antibiotiques et de fermes d’élevage : un argument pour soutenir que ce mécanisme est sans doute largement répandu dans l’environnement.
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